La suppression du jour de carence pour la fonction publique aggraverait le budget de l'Etat de 200 millions d'euros par an selon l'UMP. La ministre Marylise Lebranchu parle de 70 millions. Qui dit vrai ?
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C'est le gouvernement de François Fillon qui avait décidé en 2011 de supprimer cette indemnisation, au nom d'un principe d'équité avec le secteur privé où existent trois jours de carence. A l'époque, la droite avait estimé pouvoir faire 200 millions d'euros d'économies par an, une somme importante pour le budget de l'Etat. C'est ce même chiffrage que reprend aujourd'hui l'UMP dans son attaque contre le supposé laxisme budgétaire de l'équipe Ayrault. "C'est une décision injuste, clientéliste et coûteuse", a ainsi réagi Valerie Pécrese. La mesure rapporte "200 millions d'euros : 60 pour l'Etat, 70 pour la fonction publique hospitalière, 60 pour la fonction publique locale, et surtout ça peut faire baisser aussi l'absentéisme". Bien évidemment, la gauche conteste ces chiffres. Mais alors qui dit vrai ?
60 millions pour l'Etat ? Cette économie du jour de carence sur les fonctionnaires d'Etat est bien de l'ordre de 60 millions d'euros. Le chiffre est donné par la ministre de la Fonction publique en personne. Marylise Lebranchu estime donc que la suppression de la mesure prise par le gouvernement Fillon aura un impact « très limité ».
70 millions pour la fonction publique hospitalière ? Cette estimation émane de la Fédération hospitalière de France et n'est pas un chiffre officiel. Elle se base sur des prévisions d'économies faites à partir de zones test d'hôpitaux. Le président de la Fédération hospitalière, Frédéric Valletoux (élu UMP des Yvelines), est pourtant sévère avec la mesure gouvernementale. Selon lui le dispositif Fillon avait produit « des effets immédiats » en matière d'absentéisme dans les hôpitaux.
60 millions pour la fonction publique locale ? Le chiffre est avancé par la Fédération hospitalière mais il n'y a pas encore de bilan officiel.
Impact sur l'absentéisme ? Pour justifier la suppression du délai de carence, la ministre Marylise Lebranchu affirme que les effets « ne sont pas démontrés ». Mise en place en 2012, la mesure est toute récente et les études ne sont pas encore suffisantes pour se rendre compte des conséquences. Mais selon les premiers éléments, le non-paiement d'un jour d'arrêt maladie serait sans effet majeur sur l'absentéisme (entre 2011 et 2012, la proportion d'agents ayant pris des arrêts courts a seulement été réduite de 1,2 % à 1 % dans la fonction publique d'État). La réponse vient peut-être dans la fin de ce cliché : les fonctionnaires ne sont pas beaucoup plus malades que les salariés du privé, selon les chiffres officiels de la Dares, (Direction de l'Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques du ministère de l'Emploi).
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