vendredi 9 novembre 2012
Un slogan à paternité multiple
Un slogan à paternité multiple
Arnaud Montebourg inaugure aujourd’hui le premier salon du « made in
France » (MIF). Du sur-mesure, en quelque sorte, pour Monsieur
Redressement productif, qui a lancé une croisade autour du thème «
acheter français ».
Un slogan à paternité multiple. Le parti
communiste avait enfourché ce cheval de bataille dès la Libération, puis
au début des années 1980 ; le candidat centriste François Bayrou a pris
le relais lors de la dernière campagne présidentielle. Mais la liste
n’est pas exhaustive.
Ces antécédents pluriels n’invalident pas
l’idée d’un certain patriotisme des emplettes. Nul n’a le monopole des
bonnes ou des mauvaises propositions, et celle-ci relève d’un apparent
bon sens. En défendant les labels du terroir, les producteurs locaux –
et ils ont raison – ne font pas autre chose. Mais la définition du «
made in France » est autrement plus complexe que celle d’une simple
spécialité de terroir. Dans une voiture française, la part de composants
fabriqués sur place n’est pas forcément supérieure à celle d’un modèle
étranger. Et dans certains secteurs technologiques, informatique et/ou
téléphonie, l’offre « nationale » est inexistante ou presque.
Sensibiliser
le citoyen en l’invitant à privilégier le franco-français n’est pas
inutile. La notion de « consommacteur » – responsable de ses choix
marchands – correspond à une réalité. Elle se heurte cependant à la «
traçabilité » des produits, et aussi aux difficultés économiques, qui
incitent beaucoup de ménages à arbitrer en faveur du meilleur marché,
qui est souvent de provenance étrangère.
Le salon, il faut
l’espérer, donnera un coup de pouce à l’emploi dans notre pays. Mais
l’expérience passée – les slogans successifs ont rapidement disparu des
rayons – et les difficultés de mise en œuvre laissent entrevoir le
résultat : un MIF mi-figue, mi-raisin. Même bilan en demi-teinte à
prévoir pour l’action d’Arnaud Montebourg. Elle peut apparaître
sympathique, dans une version indulgente. Trop médiatique, voire un peu
démagogique, avec plus de sévérité. Un appel à « acheter français » ne
mange pas de pain. Dommage : voici un produit indiscutablement bien de
chez nous.
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