vendredi 9 novembre 2012
Hypocrisies
Hypocrisies
Les congrès des partis communistes à Moscou, Cuba ou Hanoï étaient
constitutifs de l’histoire du XX e siècle. Ceux qui se tiennent de nos
jours à Pékin ont encore des conséquences importantes (ils actent de
vraies mutations) mais sont dangereusement archaïques.
La Chine
est un pays d’une immense culture, capable des plus remarquables
finesses. Mais son protocole est risible à force de grandiloquence
hypocrite. La façon dont un pouvoir s’exhibe en dit long sur la réalité
de ses valeurs et de ses idéaux. S’agissant des congrès du parti unique
chinois, l’esthétique du pouvoir relève à l’évidence de l’art pompier.
La Chine mérite pourtant mieux que ces mornes aspersions d’encens rouge.
Ces
inquiétantes solennités, auxquelles 2000 délégués sont convoqués comme
autant de figurants, sont choquantes. Chacun sait que les vraies
décisions ont été prises en amont par une poignée de dignitaires dans un
mélange nébuleux de marchandages et de coups de force. Or la
désignation du pouvoir exécutif doit correspondre à des processus
auxquels le peuple doit être associé autrement que pour la galerie.
La
Chine a habilement profité de ses bas salaires et de la faiblesse
délibérée de sa monnaie pour se faire une place au soleil. C’est la
rétribution d’immenses injustices sociales, mais aussi d’un dynamisme
collectif et d’une force de travail qui devraient inspirer beaucoup de
pays. Si la Chine veut continuer son ascension sans se nuire à
elle-même, elle ne pourra toutefois pas longtemps encore différer la
réforme de son système politique.
Sa réputation ne peut que gagner
à une aération active, sauf à ce que l’asphyxie grandisse parallèlement
à la gangrène qu’est la corruption des élites. Enrichissez-vous et
taisez-vous est un pragmatisme transitoire, ce n’est pas un modèle de
société.
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