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vendredi 9 novembre 2012

L’institution du « mariage » homosexuel sera irréversible

L’institution du « mariage » homosexuel sera irréversible 


On ne pourra pas revenir dessus. L’UMP promet (ils promettent tout ce qu’on veut quand ils ne sont pas au pouvoir) d’abroger le « mariage » homosexuel si elle revient aux affaires. Alors que le projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe a franchi mercredi l’étape du Conseil des ministres, Valérie Pécresse, Christian Jacob et François Fillon jurent, si on vote pour eux, de revenir sur la loi, mais aussi de modifier les statuts des mariages déjà signés. Si la loi le permet théoriquement, une pareille décision apparaît bien évidemment inapplicable.
Imagine-t-on de « démarier » des couples gays et lesbiens ? Et de les démettre de leur parentalité ? Valérie Pécresse se sent de le faire ?
« D’un point de vue strictement juridique, c’est possible, absolument », explique Pascal Jan, professeur de droit public à Sciences Po Bordeaux dans Le Figaro. « Le Conseil constitutionnel considère que la définition du mariage appartient au législateur », ajoute Bertrand Mathieu, professeur de droit public à Paris I. Il est donc possible en théorie d’imaginer qu’une nouvelle majorité vote en 2017 un texte interdisant à nouveau le mariage homosexuel.
Mais, dans les faits, la situation devient impossible. Que deviendront les couples de même sexe déjà mariés ?
« Mais si ça peut se faire ! prétend Pécresse interrogée à ce sujet lundi 5 novembre sur LCI. On peut imaginer mettre en place un statut d’union civile et transférer les droits sur un statut d’union civile. »
« Impossible », répond Bertrand Mathieu. « A partir du moment où des gens sont mariés, on ne peut pas leur substituer un autre type d’union sans leur consentement. » Pire, ce type de mesure créerait une insécurité législative intolérable, ajoute Pascal Jan. « La loi ne peut pas être rétroactive, elle ne peut pas agir sur le passé. »
« C’est insoluble », résume Bertrand Mathieu. « Sans compter que le mariage a une incidence sur la parentalité. Un père ou une mère ne peuvent pas se retrouver du jour au lendemain démis de leur parentalité », poursuit le spécialiste, pour qui le « mariage » homosexuel sera « irréversible ».
Une position que partage l’ex-ministre Christine Boutin, qui a jugé lundi « démagogique » la proposition de Valérie Pécresse et de François Fillon : « Il ne faut pas dire ça à nos concitoyens, on ne pourra pas revenir en arrière, on ne peut pas démarier des gens. La vraie question est posée aujourd’hui. »
Et c’est aujourd’hui qu’il faut y répondre. Pas demain, pas après coup. Une fois de plus ce sera trop tard.
Christine Boutin comme Marine Le Pen réclame un référendum sur cette question.
La présidente du Front national a par le passé exprimé clairement son opposition au mariage homosexuel, estimant avant Mgr Barbarin qu’on pouvait aussi se demander dans ce cas « pourquoi pas la polygamie ! » :
« Parmi les règles de notre société, le mariage s’effectue entre un homme et une femme. Je ne pense pas qu’il soit positif de changer cette règle, parce que si on part de ce principe, on peut aller à la limite très loin dans la modification de notre civilisation. Il existe des familles polygames, pourquoi est-ce que demain un certain nombre de groupes politico-religieux ne demanderaient pas que la polygamie, sous prétexte d’égalité des droits, soit inscrite dans le code civil français ? Eh bien, c’est une autre civilisation. On peut décider pourquoi n’a-t-on le droit de se marier qu’avec un homme, et pas avec plusieurs ? Et vous aurez des gens qui le demanderont. »
Marine Le Pen a également affirmé qu’elle était « contre le droit d’adoption » pour les homosexuels.
A l’étranger, les nouvelles majorités n’ont jamais réussi à interdire ou à annuler le « mariage » des couples de même sexe, après coup. Les républicains ont ainsi tenté de faire annuler les mariages conclus entre personnes homosexuelles en Californie. L’interdiction des mariages a finalement été jugée « anticonstitutionnelle » par la cour d’appel fédérale de San Francisco. En Espagne, si Mariano Rajoy avait laissé entendre durant la campagne en 2011 qu’il reviendrait sur le mariage homosexuel, la loi est toujours en vigueur aujourd’hui. Rejetant un recours de la droite déposé trois mois après l’entrée en vigueur de la loi en juillet 2005, le tribunal constitutionnel espagnol vient même de la valider mardi.

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