La presse allemande dénonce l'«arrogance» du président français.
Angela Merkel, qui estime avoir fait des efforts en direction
d'Hollande, prépare sa riposte.
Euro-obligations
Bild, le quotidien le plus lu outre-Rhin, a ouvert le feu mercredi, dénonçant le retour d'une certaine «arrogance» française. «Il fait de la gonflette et se met en travers de la route, écrit Bild dans un éditorial. Hollande veut prendre le commandement. Mais il reste sur la trajectoire de sa campagne électorale, qui conduit dans le mur. Il y avait un couple Merkozy. Merkollande n'existe pas. C'est un problème de plus pour l'Europe.»L'insistance d'Hollande à réclamer l'introduction d'euro-obligations, des titres de dette mutualisés auxquels l'Allemagne est farouchement opposée, passe particulièrement mal. «Hollande sape la vision patiemment construite selon laquelle la crise ne sera pas résolue d'un coup de baguette magique, mais à travers des efforts solides et à long terme», juge le quotidien Die Welt. Le journal conservateur estime que le président français se fait des illusions s'il croit pouvoir «imposer des eurobonds contre la volonté de l'Allemagne, source de la précieuse solvabilité» qui ferait baisser les taux d'intérêt de telles obligations.
À Berlin et aux États-Unis, Angela Merkel a pris le temps de jauger son nouveau partenaire français. La chancelière estime avoir fait des pas dans sa direction en soutenant le redéploiement des fonds structurels pour des projets stimulant la croissance, en acceptant un renforcement de la Banque européenne d'investissement (BEI) et en laissant la porte ouverte à des «project bonds». Désormais, elle peaufine sa riposte. Merkel insistera sur la nécessité de mener des réformes structurelles pour réduire les déficits et renforcer la compétitivité. «L'augmentation du spread (l'écart des taux d'intérêt) entre la France et l'Allemagne montre que les marchés parient déjà sur la fin des réformes en France», juge Die Welt.
«Un petit début»
Pour le volet budgétaire, le pacte imposant plus de discipline est «un petit début» sur la bonne voie, explique Merkel. «Mais quand on voit les difficultés de sa mise en place, on ne peut que supposer à quel point il sera difficile de mettre sur pied une véritable union budgétaire», dit-elle. Pour Berlin, une telle harmonisation serait pourtant un préalable à l'éventuelle création d'eurobonds.Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a encore enfoncé le clou: «Tant qu'un pays mène sa propre politique budgétaire, il est exclu de mettre en commun la garantie pour les obligations», a-t-il dit mercredi, car cela n'inciterait pas à la discipline budgétaire. «Hollande veut discuter des eurobonds, il vient d'être élu. Naturellement, nous allons en discuter», a-t-il déclaré. Avant d'appuyer sur le talon d'Achille du président français: «Chaque pays qui paie des taux d'intérêt élevés veut payer moins. Pour cela, il faut convaincre les marchés en faisant des réformes structurelles créatrices de croissance. Nous avons montré en Allemagne que l'on peut faire de la croissance avec des finances solides. Nous avons le taux de chômage le plus bas. Nos efforts ont permis de renforcer la compétitivité de notre économie, nous faisons reculer les déficits. Les recettes qui ont fonctionné en Allemagne doivent être appliquées pour d'autres pays. Et non l'inverse.»
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