L’Union européenne suscite-t-elle encore de l’enthousiasme ? De moins en moins dans ses «vieux» États membres. La crise passe au premier plan. Celle des dettes souveraines et de l’euro montre l’incapacité des 17 capitales concernées – Berlin et Paris en tête – à trouver des solutions crédibles, également par addition des égoïsmes nationaux. Faute de mieux, les politiques mises en œuvre reposent sur des cascades d’atermoiements, comme l’illustrent les nouveaux avatars de la crise grecque.
Au niveau des 27 de l’Union, la situation n’est guère plus encourageante. Le Royaume-Uni torpille ce qu’il peut, la Hongrie du régime Orban fait des promesses qu’elle ne tiendra pas, l’inaudible Commission de Bruxelles s’enferme dans sa technocratie et les délibérations du Parlement de Strasbourg glissent sur les gouvernements.
Pourtant, les Croates se prononcent aujourd’hui par référendum sur leur adhésion à l’UE. Selon les sondages, le oui l’emporterait, par 55 % à 60 % des voix. Et, après ratification par les 27 États membres, ce pays d’un peu plus de 4 millions d’habitants devrait être officiellement admis en 2013. Le référendum s’annonce sans passion. Zagreb, qui mise surtout sur l’industrie touristique (plus de 15 % du PIB) n’espère pas de miracle de son entrée dans l’UE. L’adhésion passe plutôt pour une étape indispensable sur le chemin de la reconstruction identitaire, en balayant les nationalismes exacerbés durant la guerre civile yougoslave et en rejetant l’adjectif «balkanique» accolé au pays, avec tout ce qu’il comporte.
Car la Croatie sera le premier État des Balkans ex-yougoslaves à rejoindre l’UE (la Slovénie ayant toujours récusé le terme géographique). Mais ne rejoint-elle pas une Europe à son tour en voie de «balkanisation» , de moins en moins unie ? En plus du «directoire» franco-allemand s’étale un premier cercle : celui de l’Euroland adepte de l’ostracisme jusqu’à exclure de ses travaux la présidence polonaise sortante de l’UE pour réserver le même sort à la présidence danoise. Vient ensuite l’UE «classique» elle-même subdivisée entre États-Schengen et non-Schengen, sans oublier les différences dont se targue Londres. Et il y a l’ultra-périphérie représentée par la Roumanie et la Bulgarie toujours en mal de gouvernance…
En plus de la réforme de ses institutions, l’avenir de l’Europe dépendra certainement d’un recentrage autour de ses noyaux durs. Tout en admettant plusieurs niveaux d’intégration selon les possibilités de ses membres. C’est aussi une leçon de la crise.
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