Amis juristes, je ne parle pas ici, bien sûr, de notre vénérable et
vénéré confrère Thierry Herzog, dont le talent et la loyauté font
l'unanimité respectueuse. Il est certain que, dans ses relatifs démêlés
judiciaires, Nicolas Sarkozy sera bien défendu.
On les a entendus claironner sur tous les plateaux la victoire de leur motion : Guillaume Peltier
et Geoffroy Didier, toujours présentés dans cet ordre (je ne doute pas
que, s'ils étaient trois, le nom de M. Didier serait énoncé en
troisième), ont porté la Droite forte en tête des suffrages militants
lors des dernières élections internes à l'UMP.
Ces deux trentenaires, dont les ficelles qu'on verrait presque tant
elles sont épaisses sont agitées par l'obscur Patrick Buisson, ont fait
une OPA sur le nom et le slogan de l'ancien président de la République,
proposant toutes sortes de mesures caricaturales que les votants n'ont
probablement même pas lues. Il y a eu un effet de marque, on a voté
Droite forte comme on aurait acheté Damome ou Herpès. Il y a eu
tromperie sur la marchandise.
Il y avait, en 2007, autre chose. Il y avait l'envie d'un sursaut, une idée que la France n'était pas vouée à s'enliser dans les sables mouvants de son ennui et de sa paresse ; il y avait l'espoir d'une vie meilleure, b.a.-ba peut-être de toute campagne électorale. Sarkozy, c'était à la fois Bonaparte et Tony Montana, c'était l'exaltation de la grandeur de la nation et du volontarisme en même temps qu'un désir fou de bling-bling, signe extérieur de réussite personnelle. C'était une philosophie américaine, les victoires individuelles font la richesse collective, et un colbertisme, l'État tordra le bras de Mittal.
Il y a, en France, beaucoup plus de génie, d'énergie, de force et de rêves que les maîtres sondeurs de l'UMP veulent bien le croire. Il y a trop d'intelligence, trop de culture, trop de patrimoine et trop de grands morts pour laisser penser qu'on gagnera le coeur des gens avec des arguments répondant aux fantasmes les plus tristes. Au ciel de la France planent la poésie d'Apollinaire et la foi de Claudel, les vers de Racine et les tourments d'Hugo. Les vignes de Château-Chalon résonnent encore des mots du prince de Metternich à Napoléon III ("Sire, le plus grand vin du monde se récolte dans un petit canton de votre empire, à Château-Chalon") et les sous-sols de la Vendée tremblent toujours du sang des chouans. La droite française n'est pas étrangère à ces grandeurs, la grandeur est une idée qui ne lui est pas étrangère. Qu'elle la retrouve.
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