vendredi 23 novembre 2012
On peut donc traiter les Français de « sous-chiens »…
On peut donc traiter les Français de « sous-chiens »
Affaire Houria Bouteldja
Il ne faut pas sous-estimer la portée de l’arrêt rendu lundi par la
cour d’appel de Toulouse, qui, malgré des réquisitions très précises de
l’avocat général, a décidé d’ajouter foi aux arguments d’Houria
Bouteldja selon lesquels elle n’a jamais voulu traiter les Français de
sous-chiens, mais de souchiens. Sous-entendu : « Français de souche ».
Mais le sous-entendu n’engage que celui qui l’entend, et « sous-chien », eh bien oui, nous l’entendons ainsi.
Nous ? « Nous », nous sommes les affreux d’« extrême droite » qui
exploitons le terme pour mieux justifier la soumission des Maghrébins,
des Noirs et autres colonisés et esclaves victimes de l’homme blanc.
Enfin, ce sont « eux » qui le disent. Eux ? Les « Indigènes de la
République », le parti d’Houria Bouteldja qui veut « éduquer » les
Français, et pourquoi pas les rééduquer à la mode communiste, pour les
contraindre non pas tant à la repentance qu’à la soumission aux
opprimés.
Tiens, c’est amusant… En anglais, il y a aussi des « underdogs »
– des sous-chiens. Mais ce sont précisément les opprimés, ceux qui
paient toujours pour les riches, ceux que l’on n’écoute pas. Sur le plan
de la linguistique comparée, pas de doute : sous-chien, cela vous a des
origines, un pedigree, un beau glissement de sens comme les adore le
lexicologue. Et puis il y a les « Üntermenschen » des Allemands :
les sous-hommes. Un peu mieux que les sous-chiens, pour un musulman.
Mais enfin pour cela les musulmans ont un autre mot, non contesté
celui-là puisqu’ils l’ont inventé : les dhimmis. Une sous-catégorie,
comme de bien entendu.
Parlons un peu des affreux d’« extrême droite ». Le premier à
relever (à sous-lever, peut-être ?) le caractère raciste du quolibet fut
celui qui précisément discutait avec Houria Bouteldja sur le plateau de
France 3 où elle prononça le mot, en novembre 2007. C’était Alain
Finkielkraut. Avec lui, peu suspect également d’extrémisme de droite,
l’hebdomadaire Marianne entendit « sous-chiens » plutôt que
« souchiens ». Puis ce fut Brice Hortefeux qui, six mois plus tard et en
tant que ministre de l’Immigration et de l’Intégration, promit qu’il ne laisserait pas prononcer de tels mots sans réagir. On sait qu’il n’en fut rien, et que cet honneur revint à l’AGRIF.
Il est intéressant de noter que l’arrêt – soussigné de MM. Bastier,
Couste et Almendros – ne lui reproche pas de s’être émue. Ou pour le
dire en termes juridiques, les juges ont refusé de la condamner, comme
l’espérait Houria Bouteldja, pour plainte abusive. « L’étude sémantique qui précède démontre qu’une incertitude pouvait se poser quant à l’interprétation des propos. » Si vous avez entendu, comme l’AGRIF,
« sous-chiens », vous n’avez pas forcément eu tort, en somme. Il faut
simplement se souvenir, la prochaine fois, de se soumettre…
Me revient en mémoire – oui, il me souvient – le temps où le sida
faisait son apparition tragique. Jean-Marie Le Pen évoqua les malades en
les appelant « sidaïques ». On lui reprocha, dans les milieux gays et
partant dans la presse, de l’avoir forgé d’après « judaïques ». Des gens
qu’il rêvait d’« enfermer dans les camps », assura à l’époque Act-Up.
La désapprobation fut massive, le terme proscrit. On dit sidéens,
Madame, Monsieur (enfin… peut-on encore dire : « Madame, Monsieur » ?).
Je ne crois pas un instant que Jean-Marie Le Pen eût alors une
intention méprisante, qu’il voulût sous-estimer les malades. Mais enfin
on tint compte de leur subjectivité (encore « sous », mais en latin) et
on le renvoya sur la base du seul soupçon.
Pour Houria Bouteldja il n’en va pas ainsi, même si le
« Dictionnaire de la zone », rendant accessible à chacun, en ligne,
« tout l’argot des banlieues », donne « souchien » comme une simple
variante du nom « sous-chien », « re-suffixation du terme souche
avec jeu de mot à caractère raciste ». Dans les banlieues, soyez sûrs
que le message est passé cinq sur cinq. Pas de sous-information sur ce
coup-là !
Quant à l’arrêt, il est bien de la sous-espèce des décisions
judiciaires engagées. N’entend-il pas, quand Houria Bouteldja demande
que l’on « éduque » les Blancs, que cela « s’inscrit dans un processus intellectuel » ?
Et le pompon ? « La catégorisation des “souchiens” en la
rapprochant d’une entité ethnique ou raciale dite “les blancs”, qu’il
est d’usage de nommer en ethnologie les “Caucasiens” sans choquer
quiconque, tend à confirmer la motivation ethnologique et non animalière
reprochée à la prévenue. »
A ce compte-là, on pourrait retenir la motivation chromatique du mot « négro »… Mais non ; c’est une insulte en droit pénal.
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