Pourquoi en est-on là ? Jean-François Copé et François Fillon nourrissent les mêmes ambitions acharnées pour 2017. Leur passé et leur personnalité alimentent des détestations réciproques, désormais irréversibles. Ils ont des approches différentes, sur les priorités et les alliances, pour reconstruire une opposition capable de devenir majorité. Enfin, l'UMP, dans sa loi interne et dans les esprits, est organisée pour n'avoir qu'un chef.
Ainsi, une élection réduite à deux candidats et un résultat étriqué et contestable ne pouvaient qu'envenimer les choses. Même les conflits Chirac-Balladur ou Villepin-Sarkozy ne s'étaient pas exprimés, en public, avec une telle violence. En d'autres temps, ce mauvais Cyrano se serait conclu à l'épée sur l'herbe du Pré-aux-Clercs, près de l'actuelle Assemblée nationale !
Dans le rôle du casque bleu, Alain Juppé n'est même pas certain, dans quelques jours, de sortir un vainqueur incontesté de ce grand déballage. Occupé par l'affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy, au moins provisoirement, ne peut pas être d'un grand secours.
Faut-il s'en amuser ? Non, pour deux raisons.
D'abord, parce que ce fiasco monopolise l'espace médiatique et minimise les sujets lourds. Un exemple : les égoïsmes nationaux qui s'expriment autour du budget européen menacent l'avenir de la politique agricole. Son dépeçage serait une catastrophe pour la France, qui se bat bec et ongles à Bruxelles. Pour les éleveurs de l'Ouest et pour les salariés de l'agroalimentaire qui en dépendent, ce sujet compte un peu plus que le feuilleton de l'UMP.
Ensuite, parce qu'il participe d'un émiettement du paysage politique, dans les deux camps, qui ne sert personne.
Il n'est pas bon, à gauche, que ce qui divise soit plus important que ce qui réunit, au point de rejeter des textes budgétaires ou de contester un projet, voté, d'aéroport. Fragiliser une majorité l'expose aux groupes de pression et menace la cohérence de sa politique. C'est ainsi qu'à vouloir calmer le jeu sur le mariage pour tous, le Président déchaîne les passions dans son camp.
Il n'est pas bon, à droite, de passer son temps à se déchirer et, de temps à autre, à s'en prendre à François Hollande. S'opposer exige une méthode, une organisation, un projet. Faute de quoi, le débat se réduit à une addition de contestations systématiques, de revendications sectorielles, et prépare de nouveaux échecs électoraux.
Il n'y a pas de politique sans donner de sens aux choses, sans mise en perspective. L'émiettement auquel on assiste empêche toute réflexion globale et encourage la protestation catégorielle. L'engagement européen et la crise ne sont pas étrangers à ces radicalisations qui fracturent les deux camps, au détriment des partis de gouvernement.
De ce point de vue, la chienlit à l'UMP nuit à l'image de la politique, à la crédibilité des élus et à l'intelligence du débat. Le premier épisode de l'après-Sarkozy n'amuse que ceux qui n'ont pas idée de ses conséquences. En politique, le ridicule peut tuer.
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