vendredi 26 octobre 2012
Solférinologie pour les nuls : le petit guide du congrès PS
S'ouvre ce vendredi matin l'édition
2012 du congrès du Parti Socialiste. Cacophonie gouvernementale,
Hollande-bashing, retour au pouvoir, les défis à relever pour Harlem
Désir, nouveau capitaine du bateau PS, sont nombreux. Petit cours de
Solférinologie pour les nuls afin de comprendre les enjeux de ce
rassemblement.
Pascal Perrineau : Le congrès est un élément fondamental de la construction du projet socialiste. Il
a pour objectif de déterminer un axe programmatique, il permet d’acter
les motions votées et sert à fixer le cap du parti tout entier, la
direction que prendra celui-ci autour de la personnalité d’Harlem Désir.
Les négociations sont allées bon train avant le début de ce congrès car
au-delà d’acter le cap politique, ce rassemblement va aussi définir
l’équilibre des équipes dirigeantes du parti.
Le
système est basé sur un vote de motions qui sont toutes liées à des
hommes et à des femmes. Une fois ces motions votées, les scores obtenus
par les textes permettent de répartir le pouvoir de manière
proportionnelle. Pour appréhender le fonctionnement du Parti
socialiste, il faut comprendre que la proportionnelle fait partie
intégrante de son histoire de la même façon qu’il a été construit sur la
base de sensibilités multiples qui cohabitent. La motion
majoritaire est, quant à elle, composée de plusieurs de ces
sensibilités, les pro-Désir, les Hollandais historiques ou encore les
Aubristes. Cela révèle un équilibre des pouvoirs encore plus raffiné qui
conjugue ces courants. Ces principes anciens sont encore aujourd'hui
l’essence du Parti socialiste (PS).
D’autre part,
il y a les motions minoritaires qui témoignent des courants les moins
représentatifs sur le plan du nombre mais qui sont aussi souvent les
plus virulents, comme l’aile gauche du PS. Cela engendrera probablement
un débat vigoureux qui doit avoir lieu au congrès car il ne peut pas se
dérouler au sein du gouvernement. Au milieu de ces discussions, Harlem
Désir est face à deux défis majeurs. Il doit se créer une légitimité en
s’émancipant, en se débarrassant de cette "nomination par l’appareil".
Ensuite, il doit faire vivre un Parti socialiste au pouvoir en faisant
taire les dissensions internes pour éviter qu’elles ne viennent s’ajouter aux discordances du gouvernement dont nous avons déjà été témoins.
Non, l’apparition
d’un contre-pouvoir dans le Parti socialiste d’Harlem Désir me paraît
tout à fait improbable car il représente une ligne de fidélité très
claire. Le PS ne veut pas jouer avec le feu, il connaît déjà
suffisamment de problèmes internes de fonctionnement et de divergences
d’opinions. Il faut comprendre qu’un congrès du Parti socialiste au
pouvoir n’est pas le même que celui d'un Parti socialiste dans
l’opposition. Dans ce dernier cas, les motions sont nombreuses et les
affrontements sont parfois féroces comme ce fut le cas à Reims entre
Royal et Aubry. A l’inverse, on a constaté qu’en 1981, certains
socialistes, tel Jean-Pierre Chevènement, défendaient la nécessité d’un
parti socialiste "godillot", obéissant et discipliné, arguant qu’un
godillot est une bonne et solide chaussure. D’autres
sensibilités voulaient au contraire que ce pouvoir soit mis au profit
d’une accélération des réformes de rupture, voire voulait "couper des
têtes". Le PS est actuellement sujet au même genre de débats mais il est
probable que les congressistes soient lucides et essaient de ne pas
ajouter aux dysfonctionnements. Malgré tout, le PS reste un
parti duquel s’élèvent de nombreuses voix qui sont parfois discordantes,
Harlem Désir va devoir prouver son talent de leader en sachant les
mettre toutes en musique.
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