vendredi 26 octobre 2012
Baisse du nombre de propositions d’embauche en CDI : la preuve par l’absurde des effets pervers de ce contrat
Depuis le mois d'octobre 2011, les
propositions d'embauche en contrat à durée indéterminée (CDI) ont baissé
de 15,1% selon le site Qapa.fr
François Taquet :
L’essentiel du paysage entrepreneurial français est composé de petites
entreprises qui, pour la plupart, ne comprennent plus rien au droit du
travail et qui sont à peine capables de choisir puis de rédiger un
contrat de travail tant cela est devenu complexe. C’est bien
simple, notre code du travail comporte plus de 10 000 articles alors que
celui de la Suisse n’en possède que 54. La France souffre d’une maladie
chronique qui consiste à penser qu’un excès de réglementation sur
l’encadrement des contrats de travail protège mieux les employés mais dans la réalité, je ne crois pas qu’un travailleur français soit mieux protégé qu’un employé Suisse ou Allemand.
La
période de crise que traverse la France engendre naturellement une
certaine peur des entreprises à s’engager sur la durée sans pouvoir se
séparer de certains employés. Quand la conjoncture est aussi
potentiellement instable, les entreprises rechignent à proposer des CDI à
cause de ce que pourrait leur couter des licenciements si elles
venaient à être obligées d’y recourir pour une raison quelconque. L’une
des solutions les plus évidentes est celle qu’avait proposée le candidat
Sarkozy lors de l’élection présidentielle de 2007 : un contrat de
travail unique avec une période probatoire plutôt que de voir les
employeurs se servir des CDD comme périodes d’essai. Cette idée
d’un contrat "At will" sur le modèle anglais d’une durée standard d’un
an renouvelable et pouvant être rompu à la volonté de n’importe laquelle
des parties prenantes permettrait une simplification de l’emploi et un
regain de compétitivité qui serait une bénédiction pour la France.
Olivier
Duha : Il faut réformer le droit du travail. Malgré les grandes
déclarations de principe, cette tâche n’a pas été accomplie. Le
code du travail s’épaissit chaque année de nouvelles contraintes, de
nouvelles obligations. Or, restaurer la compétitivité des entreprises,
et particulièrement des entreprises de croissance, passe par un code du
travail moins rigide. Prenons l’exemple du contrat de travail : il
existe aujourd’hui en France 38 formes différentes de contrats de
travail et 27 régimes dérogatoires ainsi qu'une dizaine de formes
d’organisation du temps de travail dans le cadre des 35 heures. Le temps
est venu de procéder à une simplification de cet ensemble de textes et
de dispositions afin de donner aux entreprises la flexibilité et la
souplesse dont elles ont besoin pour se développer et créer des emplois.
Rénover
notre contrat social passe aussi par des actions fortes en direction
des jeunes, notamment des jeunes qui sortent du système éducatif sans
diplômes, et qui représentent chaque année 150 000 personnes. Nous
proposons ainsi d’instaurer un SMIP (salaire minimum progressif) pour
les jeunes de 17 à 21 ans. Ce ne sont là que quelques-unes des pistes
sur lesquelles nous travaillons. Nous ne réformerons pas le contrat
social sans l’implication forte des entrepreneurs. Pour leur part, les
entrepreneurs de CroissancePlus sont mobilisés pour relancer la
croissance.
Par ailleurs, en matière de temps de travail, les entreprises de croissance sont unanimes : il
faut revenir à une durée du travail plus élevée. Selon Eurostat, la
France se classe ainsi parmi les derniers en termes de durée annuelle de
travail ! Et avec cette exception que constituent les 35
heures, nous restons bien en-dessous de la moyenne européenne, citée à
38,6 heures hebdomadaires…Nous proposons donc un schéma simple et
compréhensible par tous : revenons à une durée légale du travail de 39
heures hebdomadaires et supprimons les RTT, avec en contrepartie,
l'augmentation du temps de travail qui pourra être compensée par des
mécanismes de transfert de charges et un effort des employeurs sur les
salaires. En parallèle, il faut instituer une annualisation du temps de
travail pour sécuriser l’emploi et donner davantage de marge de manœuvre
aux entreprises.
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