Nous souffrons de surtaxation
généralisée, tant pour les ménages que pour les entreprises ; nous avons
peut-être la classe politique la plus distante, pour ne pas dire
hostile, disons relativement étrangère, au monde de l’entreprise (et
objectivement nos grands partis se défendent assez bien sur ce point)
; préférant les matières « nobles » comme l’histoire, la littérature ou
les mathématiques, nous délaissons les sciences économiques et
disposons d’une inculture assez prononcée dans ce domaine (même si je
pense que le bon sens économique de l’opinion est bien plus important
que veulent le croire les « sachant »), mais, il faut le reconnaître,
les débats économiques sont plus souvent des débats dogmatiques et
religieux que rationnels ; d’ailleurs être rationnel et pragmatique est
d’un ennui profond, assez peu élégant voire vulgaire ; le syndicalisme
qui ailleurs est paraît-il constructif est par chez nous plus souvent
autiste et caricatural de lui-même ; le patronat lui rend souvent la
monnaie de sa pièce (même si la dynamique d’écoute et de concertation
est sans doute positive) ; nos entreprises ne sont pas aimées (les
marques oui, les petites oui, l’entrepreneur de proximité oui, mais
devenu patron, et a fortiori de grande entreprise, non) ; nous jalousons
la réussite que nous nous réjouissons de voir échouer ; nous
entretenons depuis sans doute une prédominante éducation
judéo-chrétienne une certaine distance vis à vis de l’argent, sale même
lorsqu’il est honnêtement gagné (d’ailleurs est-ce possible ? car les
riches sont soit d’affreux rentiers fainéants, soit de sales « cons »
comme dirait une certaine presse, soit de « nouveaux » riches donc sans
éducation) ; nous avons un Etat omniprésent qui en devient omnipotent,
et qui, en déni de la réalité, se rêve encore en Etat providence ou en
super-Etat lorsque le Président ne veut pas être super-Président ; nous
avons également la population la plus pessimiste de la planète ; nous
sommes les champions du monde de l’analyse, des audits, des constats,
des commissions, des débats et des points de vue lorsque d’autres se
contentent de décider et de réformer ; nous préférons chercher que
trouver, et lorsque nous trouvons et inventons, nous laissons le soin
aux autres de commercialiser nos géniales trouvailles ; nous sommes
encore et toujours davantage séduits par l’idée des Lumières qui
consiste à être généraliste et présent partout, dans tous les domaines,
plutôt que spécialiste de certains domaines, etc.
… et
pourtant … nous sommes - encore - la 5ème puissance économique mondiale ;
Paris est la 4ème ville la plus attractive au monde (source PwC) ; nous
sommes d’ailleurs la première puissance touristique mondiale ; nous
souffrons bien sur d’une balance commerciale déficitaire, mais certains
domaines comme le luxe, la gastronomie ou certaines hautes technologies
sont non seulement exportateurs mais enviés ; nous n’avons pas
assez de grosses PME mais disposons d’une armada exceptionnelle de
grands groupes mondiaux ; la jeunesse souffre de solitude mais croit
encore en la politique et dans sa capacité à refaire le monde ; les
entrepreneurs sont maltraitées mais les Français créent encore de
nouvelles boites, sans doute autour de 600 000 en 2012, peut-être un peu
moins qu’en 2011 ; nous sommes râleurs, avons une fiscalité changeante
et un coût du travail pas assez compétitif, mais nous restons une terre
d’investissements étrangers (longtemps première destination européenne) ;
notre système de santé nous coûte trop cher et doit être réformé, mais
il soigne tout le monde, et est encore considéré comme le meilleur au
monde au point de générer du tourisme médical ; nous avons, plus au
moins sans le savoir, un esprit extrêmement créatif (certains
l’expliquent davantage par notre fibre critique et révolutionnaire
davantage que par notre système éducatif) ; nous avons un « art de vivre
» et une « french touch » uniques au monde ; des secteurs et des
entreprises recrutent, innovent et proposent des perspectives, mais nous
connaissons mal ces secteurs porteurs, par défaut d’exposition
médiatique ; etc.
Bien sur, la situation est difficile,
alarmante, socialement dramatique pour beaucoup, mais cette France si
lourdement entravée, qui a du mal à faire sa propre révolution
culturelle pour s’adapter et « profiter » de ce nouveau monde, est
évidemment toujours là. Cette France entravée est surtout
profitable à nos concurrents. Mais lorsque l’on voit ce qu’elle est
capable d’offrir sur la piste avec ses chaines aux pieds, on rêve de
lâcher le frein à main. Si la charge augmente encore, la course se
ralentira, inévitablement, et nous finirons comme Tuttle (Robert de
Niro) dans Brazil, disparaissant sous la paperasserie !
Pour
une France décomplexée, libérée de ses propres contraintes, censures et
tabous. Une France qui ne serait plus une France aux semelles de plomb
mais telle que Verlaine surnommait Rimbaud, une France aux semelles de
vent, conquérante, irrésistible.
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