TOUT EST DIT

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samedi 6 octobre 2012

Fiscalité des entreprises

Fiscalité des entreprises



À la recherche des pigeons


On va finir par tenir un registre des réformes et décisions annoncées par l’équipe d’idéologues socialistes au pouvoir qui ont dû être retirées, dans la discrétion ou en catastrophe. Ainsi en va-t-il de la taxation confiscatoire de la cession d’entreprises, alignée sur l’impôt sur le revenu dans le projet de loi de budget pour 2013.
Devant la mobilisation exemplaire des créateurs d’entreprises et donc de richesses, le gouvernement-PS a reculé. Un peu. Au lieu de prendre plus de 60 % de la plus-value, une mesure qui viserait notamment des créateurs de start-up qui n’auraient pas beaucoup gagné en lançant leur activité mais qui verraient leurs efforts récompensés au moment de la revente, l’Etat leur laisserait une porte de sortie.
Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances, a ainsi promis que « dorénavant, lorsqu’un entrepreneur cède sa société et réinvestit une partie de cet argent, il bénéficiera d’une exonération à la hauteur de sa part de réinvestissement. L’exonération sera totale si la totalité des plus-values est réinvestie ».
Encore une usine à gaz. Encore du dirigisme. Encore un appel d’air pour que les investisseurs aillent voir ailleurs si les prairies ne sont pas plus vertes. Mais : « Il est hors de question de remettre en cause le principe de justice, selon lequel le revenu du travail et du capital soient traités à égalité », a assuré le ministre. C’est pour cela que les œuvres d’art sont exclues de l’assiette de l’ISF ?
Le problème est évidemment ailleurs : c’est le travail, ce sont les revenus dans l’ensemble qui sont trop taxés, qui font de l’Etat le premier consommateur des richesses produites par les Français, entrepreneurs ou salariés, et des biens qu’ils possèdent et peuvent dépenser au bénéfice d’une économie ou d’instances caritatives profitant à tous, mais fonctionnant en liberté.
La présidente du MEDEF, Laurence Parisot – oublions pour un moment ses préjugés idéologiques – voit carrément dans les choix du gouvernement un « racisme anti-entreprise », expression qu’elle revendique après l’avoir forgée en apportant son soutien au mouvement des « Geonpi » – les « pigeons », en verlan, ou les entrepreneurs qui éprouvent la haine des pouvoirs publics et le font savoir sur les réseaux sociaux.
« Il y a sans cesse une stigmatisation, une dénonciation », a ajouté Mme Parisot, qui se déclare choquée par l’expression « pratiquement consacrée » de « patron-voyou », utilisée récemment par des politiques comme le maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen. Dans ce climat qui provoque, selon elle, une « lassitude indescriptible » chez les entrepreneurs, la présidente du MEDEF a lancé une mise en garde « à tout le monde, mais peut-être en priorité aux pouvoirs publics ».
Du coup, sans pour autant démanteler réellement le projet, un Moscovici est en train de trouver de nouveaux « pigeons ». « Ce que nous voulons taxer ce n’est pas le risque, c’est la rente », a-t-il déclaré. Michel Sapin, ministre du Travail, veut quant à lui faire la différence entre « les entrepreneurs qui ont pris énormément de risques » et « ceux qui ont hérité de papa-maman ». D’emblée suspects. Plus suspects que ceux qui créent « en très peu de temps une véritable richesse ». Le socialisme n’est pas près de se départir de sa haine de la transmission. Ni des richesses, ni de la culture (ça ne va pas nécessairement de pair !). Ce n’est certes pas cela qui encouragera les « possédants » haïs à poursuivre leur travail propre – qui est d’être « intendants de la providence » avec la liberté et la responsabilité que cela implique –, à s’intéresser aux besoins du pays.
En revanche, le gouvernement s’agite en affirmant qu’il faut faire peser moins de charges sur l’entreprise. Il serait temps en effet. On commencera à y croire lorsque les entrepreneurs et salariés français seront libérés de l’absurdité des 35 heures qui alourdit le coût du travail pour tous, à commencer par ceux qui ont réellement besoin d’horaires aménagés, et des lourdeurs administratives persistantes qui plombent la liberté d’entreprendre et l’esprit d’entreprise.
Sur qui seront transférées ces charges en soi trop lourdes ? Bien sûr qu’on ne les annulera pas : non, ce sera pour « les ménages ». Le principe, après tout, c’est qu’il y ait toujours un pigeon…

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