TOUT EST DIT

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samedi 22 septembre 2012

Liberté d'expression 


« Nous n'avons rien. Il ne nous reste qu'une chose : la fierté de l'islam ! »  
Voilà ce que l'on peut entendre dans la bouche de jeunes musulmans à travers le monde des pays du sud sous-développés, mais on l'entend aussi dans les banlieues de nos grandes villes où sévissent chômage de masse, pauvreté et précarité... Voilà ce qu'on entendra tant que croissance et développement feront défaut dans ces contrées, dans ces quartiers.

C'est à cette fierté que l'on s'est attaqué avec ce film odieux et stupide, avec ces caricatures insultantes qui ont fait le tour de la planète instantanément sur le web. Et les auteurs se justifient en invoquant la liberté d'expression. Celle-ci nous est trop chère pour qu'on la laisse instrumentaliser par des racistes, fussent-ils religieux, ou par des gauchistes qui s'imaginent que leurs provocations les placent aux avant-postes de la lutte pour la liberté.
La réalité est tout autre : par ces agressions contre ce qui est au plus profond du coeur des musulmans, ils ne font qu'attiser les colères qui facilitent et alimentent la rage obtuse des intégristes, des fondamentalistes, des obscurantistes et leurs réactions violentes, inadmissibles et absolument condamnables. Dès lors, ceux-là s'en prendront d'autant plus aux libertés que nous souhaitons voir se renforcer dans toutes les cultures, dans tous les pays, dans toutes les strates des sociétés. Cette « islamophobie » qui réunit bizarrement des gens d'extrême droite et d'extrême gauche dans l'attaque et l'agression témoigne qu'ils sont devenus aussi extrémistes et intolérants que ceux qu'ils prétendent combattre et qu'en réalité ils renforcent. Bel ouvrage !
Respect et responsabilité
Mais il n'y a pas que les musulmans agressés qui se sentent atteints. Il y a tous ceux qui souhaitent la paix, la concorde, la bonne entente entre les gens de différentes appartenances, culturelles, religieuses, nationales. Il y a tous les démocrates, tout autant attachés à la liberté d'expression que les provocateurs qui en font une arme pour blesser, meurtrir, rabaisser l'autre. Et puis il y a aussi, et on les comprend, tous ceux, Français, Occidentaux, qui sont plongés dans les pays d'islam et qui peuvent d'autant plus craindre de devenir la cible de vengeances débridées.
La liberté d'expression doit être défendue partout, tout le temps. C'est une évidence et un devoir. Mais il faut la défendre pour tout le monde. C'est pourquoi les lois mémorielles nous paraissent inacceptables. Mais, aujourd'hui, en France, ceux qui se sentent offensés se voient interdire de manifester leur mécontentement. Ils en sont également meurtris car ils ont le sentiment d'être là aussi méprisés. Deux poids, deux mesures : le gouvernement interdit la manifestation de protestation, mais pas ce qui l'a provoquée ! Comment comprendre ? Surtout quand on est issu de « civilisations qui ne voient pas la liberté avec les mêmes yeux que ceux d'un Occident fortement sécularisé » (1).
La liberté d'expression n'interdit pas la courtoisie, les égards, le respect de l'autre, de ses convictions, de ses croyances. Bien au contraire ! La critique peut s'exercer sans blesser. La liberté d'expression exige aussi le respect de l'autre et le sens de la responsabilité.

(1) Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, Le Monde, 21/09/2012.

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