Au grand mercato de printemps, ça déménage. Au sommet de la « grande maison », le remplacement le même jour par l’Etat socialiste des trois postes les plus importants de l’édifice policier, n’est pas une formalité administrative. Même François Mitterrand n’avait pas osé réaliser une telle purge. Et ce chamboulement au plus haut niveau hiérarchique et franc-mac va évidemment entraîner des nominations en cascades. C’est une valse à plusieurs temps. A gauche toute.
Choisis pour leur fidélité et leur allégeance, les trois promus sont surtout compétents pour avoir servi sous des ministres socialistes. Bernard Boucaut (64 ans, à un an de la retraite) est un haut fonctionnaire intime du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il est nommé au poste éminent de préfet de police sans avoir jamais fait de police de sa vie. C’est un homme de cabinet. Il a conduit sa carrière au sein des cabinets ministériels socialistes (il a notamment dirigé celui de Daniel Vaillant). Le sérail policier s’est un peu ému de son manque de connaissance et de pratique en matière de police. Il accède à un poste très politique, la « PP » étant la tour de contrôle du dispositif de sécurité de toute l’Ile-de-France.
Bernard Squarcini, le directeur central du renseignement intérieur (DCRI) cède sa place à un ancien cadre de la DST (contre-espionnage) Patrick Calvar, 56 ans, qui a fréquenté les trois grandes boutiques historiques de la barbouzerie : RG, DST, DGSE. Aux Renseignements, Hollande place d’abord des hommes à lui. Comme pour le remplaçant de Frédéric Péchenard, Claude Baland, 61 ans, qui devient le nouveau DGPN, directeur général de la police nationale. Le grand taulier. A ce poste de big chef de la maison poulaga, lui non plus il n’a jamais été sur le terrain. Instituteur, agrégé de géographie, énarque, préfet, haut fonctionnaire et directeur de l’administration de la police nationale, il a couru davantage le risque de s’électrocuter avec son ordinateur que de croiser une bande de cités.
Certes on peut reprocher des choses à Frédéric Péchenard, l’ami d’enfance de Sarkozy, mais lui au moins avait une formation de commissaire de police puis de directeur de PJ des services actifs de la police.
Trente ans de police, il connaissait son boulot : ancien de la brigade de répression du banditisme puis de l’anti-terrorisme, de l’antigang (la prestigieuse BRI) et de la Crime, il avait joué un rôle actif dans le règlement de la prise d’otages de la maternelle de Neuilly.
On en vient à regretter ce grand flic à qui son père, avocat d’affaires richissime, avait déclaré en apprenant qu’il préparait le concours de la police : « J’hésite entre la honte que tu sois collé et la honte que tu sois reçu »…
Aujourd’hui, et ça sonne presque comme un gag de mauvais film, cet homme de terrain passé du mythique « 36 » (quai des Orfèvres) au « 11 » (rue des Saussaies, ministère de l’Intérieur), se retrouve « à la circulation ». A la Sécurité routière très exactement. La seule forme de répression sécuritaire, il faut bien le dire, dans laquelle Sarkozy a fait des étincelles avec son Kärcher.
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