François Hollande est un socialiste tempéré, tenant d'une social-démocratie à la française. La difficulté pour lui est qu'il arrive au pouvoir au moment où la social-démocratie européenne est en crise. Ce système politique, qui a fait les beaux jours de l'Europe du Nord, repose sur des fondations que la crise, justement, a ébranlées.
La social-démocratie vise une amélioration des conditions de vie du plus grand nombre par la redistribution des richesses. L'État providence, et une économie mixte, régulent les effets inégalitaires du libéralisme. Le dialogue social dans les entreprises atténue les tensions entre classes et renforce l'efficacité de l'appareil de production.
Mais on ne distribue que ce qu'on a. Or, la croissance faisant défaut, les richesses à distribuer stagnent, quand les besoins sociaux, eux, vont croissant.
On augmente donc les prélèvements obligatoires, qui ne jouent plus comme des amortisseurs sociaux, mais pèsent sur la compétitivité des entreprises.
La puissance syndicale, l'autre fondement du consensus national, s'appuyait sur des filières industrielles riches en main d'oeuvre. Or, l'émergence des services, la spécialisation industrielle au niveau mondial, ont redistribué les cartes. La classe ouvrière n'est plus ce qu'elle était.
François Hollande veut renouer avec la croissance. Mais comment ? Par la relance de la consommation (au risque d'augmenter les importations) ? Par de grands investissements publics (au risque d'alourdir la dette) ?
Il veut redonner du tonus à nos entreprises. En baissant leurs charges et en diminuant le coût du travail (au risque d'accentuer les inégalités dans un premier temps) ? En investissant dans la recherche et l'innovation (sans pouvoir en récolter les fruits lors de ce quinquennat) ?
Devant ces choix cornéliens, François Hollande va devoir se dévoiler. Social-démocrate ou social-libéral ? Peste ou choléra pour Jean-Luc Mélenchon, mais question cruciale pour les marchés et les partenaires de la France.
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