TOUT EST DIT

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dimanche 20 mai 2012

Compteurs à zéro

L’esprit républicain est une bonne chose mais il n’est pas toujours désintéressé. S’il est probablement en harmonie avec les convictions profondes de Nicolas Sarkozy, il ne suffit pas, à lui seul, à expliquer l’attitude du président déchu au lendemain du 6 mai. Plus que la volonté de réussir sa sortie, tout semble indiquer qu’il s’est évertué à remettre les compteurs à zéro dans la perspective des législatives.


Dédouanant les siens en assumant seul la responsabilité de la défaite, il a refusé de mener la bataille des législatives pour l’UMP. Si c’est bien sa personne, plus que ses idées, qui a été rejetée, sa présence aurait d’avance plombé le résultat. Il ne suffisait cependant pas qu’il s’efface. Il devait aussi gommer les séquelles de la campagne présidentielle. En invitant à la commémoration du 8-Mai François Hollande, qui aurait peut-être dû refuser, il a coupé l’herbe sous le pied à ceux qui lui ont reproché de dresser les Français les uns contre les autres. Il a remplacé l’image d’une France divisée qui lui collait à la peau par celle d’une République unie devant la tombe du Soldat inconnu. Les mêmes qui l’accusaient d’avoir piétiné durant cinq ans l’esprit de la constitution et les valeurs de la nation lui ont décerné un brevet de bon républicain se privant ainsi de leurs meilleurs arguments. Un beau tour de passe-passe qui permet à la droite de se présenter aux législatives sans handicap rédhibitoire.
Du coup, la pression est sur le camp du vainqueur en quête d’une majorité à l’assemblée nationale. Pour le PS, coincé entre une droite qui a perdu son épouvantail à voix et un Front de gauche qui, depuis la chute de Sarkozy, n’a plus de raison de soutenir Hollande, les législatives ne sont pas gagnées d’avance. D’autant que, pour l’instant, les mesures symboliques prises par le gouvernement sont plutôt ambiguës : le revenu des ministres baisse mais le gouvernement coûte plus cher, les ministres battus partiront mais Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira renoncent à obtenir l’onction du suffrage universel entachant d’une certaine lâcheté la charte de déontologie.
Cependant, c’est essentiellement à l’aune de leur vie quotidienne que les Français éliront leurs futurs députés. Là, ce sont les nouveaux gouvernants qui ont la main. Ils seraient bien inspirés de trouver de vraies mesures concrètes pour convaincre les électeurs que le changement c’est déjà maintenant et non après les élections. Sinon leur vie, et l’hémicycle, seront moins rose qu’espérés.

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