TOUT EST DIT

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vendredi 18 mai 2012

Le gouvernement Hollande : entre jolies habiletés et petits reniements

La composition du gouvernement du nouveau Premier ministre Jean-Marc Ayrault a été dévoilée ce jeudi. François Hollande devait trouver un équilibre entre ses soutiens, les souhaits des "éléphants" du PS et sa promesse de respecter la parité. Pari à moitié gagné...
Pour un nouveau Président de la République, la formation de son premier gouvernement représente l'acte fort sur lequel on va commencer à le juger. Apprécier son autorité, sa capacité à tenir ses engagements de campagne, son sens des équilibres politiques. Avec ce gouvernement dit Ayrault I - officiellement, c'est le maire de Nantes qui a présenté sa liste au chef de l'Etat- je dirais à ce stade que François Hollande n'a qu'à moitié réussi ses débuts.

A son crédit :
  • Le choix d'un Premier ministre avec lequel il a l'habitude de travailler en confiance, Jean-Marc Ayrault, homme expérimenté, même s'il n'a encore jamais exercé de responsabilité ministérielle. François Hollande aurait pu céder à la pression médiatique et finir par prendre Martine Aubry que nombre d'observateurs jugeaient plus légitime à ce poste.
  • Un cocktail savamment dosé entre les différentes sensibilités socialistes (la gauche pragmatique et européenne de Manuel Valls côtoie celle d'Arnaud Montebourg, favorable à la VIe Republique et la démondialisation...), les partenaires du PS (EELV est notamment représentée par son emblématique porte-parole, Cécile Duflot, le Parti radical par Christiane Taubira), et un mix de plusieurs générations avec d'un coté, de glorieux anciens tels que Laurent Fabius et Michel Sapin, et des jeunes prometteurs dont les deux porte-parole de campagne Najet Vallaud-Belkacem et Delphine Batho.
  • François Hollande a enfin évité les gadgets, ces personnalités de la fameuse société civile dont l'expérience ministérielle a souvent tourné au désastre (de Léon Schwartzenberg sous François Mitterrand à Bernard Laporte sous Nicolas Sarkozy en passant par Francis Mer, ministre de l'Economie et des Finances de Jacques Chirac)

Mais l'équipe révélée par le nouveau secrétaire général sur le perron de l'Elysée symbolise aussi le reniement de plusieurs promesses de campagne.
  • Contrairement à ce qu'avait déclaré le candidat François Hollande, il a pris au moins un ministre qui a déjà été condamné. Et non des moindres puisqu'il s'agit du premier d'entre eux, Jean-Marc Ayrault, qui avait écopé d'une peine de prison de 6 mois avec sursis en 1997 pour prise illégale d'intérêts.
  • Concernant la Parité promise fièrement par François Hollande lors du débat de l'entre-deux-tours (Moi, President...), respectée à la lettre avec 17 femmes sur les 34 membres de ce gouvernement, elle ne l'est pas dans l'esprit. Si l'on regarde en effet les principaux ministères -autrement dit, les régaliens et ceux qui chapeautent les plus grosses administrations- le déséquilibre est flagrant. Premier ministre, Jean-Marc Ayrault ; ministre des Affaires Etrangères et numéro 2 du gouvernement, Laurent Fabius; ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian; ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici; ministre de l'Interieur, Manuel Valls; ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon; ministre du Travail, Michel Sapin... Un déséquilibre, donc, que la nomination surprise de Mme Taubira au ministère de la Justice ne suffit pas à compenser.
  • Ce gouvernement n'a pas fait la moindre place à l'ouverture au centre malgré le ralliement à François Hollande -certes sans enthousiasme- de François Bayrou entre les deux tours de la présidentielle. Manquant d’éléments féminins de haut niveau, le Président de la République n'aurait pas trahi son camp en proposant un portefeuille à une Marielle de Sarnez qui avait, on s'en souvient, initié un rapprochement entre le MODEM et certaines personnalités de gauche parmi lesquelles Vincent Peillon et Robert Hue dès 2010.

Simone de Beauvoir disait en substance qu'il ne faut pas toujours regarder la mer en pensant au prix du poisson. Il nous faut à présent voir ce gouvernement à l'oeuvre face à la crise et à ses promesses de changement avant de porter un jugement plus tranché.

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