TOUT EST DIT

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vendredi 18 mai 2012

Le G8 est-il vraiment à la hauteur de la crise de la dette ?

Les dirigeants des pays du G8 se réunissent ce vendredi à Camp David. Les chefs d'Etat et de gouvernement devraient discuter des moyens d'empêcher la crise de la dette en zone euro. Mais ni les mesures d'austérité qui freinent l'économie, ni les tentatives contradictoires de relance destinées à développer les ressources fiscales ne peuvent prétendre résorber notre dette. La machine est cassée. En somme, un G8 pour la photo...
La tenue du « G8 » à Camp David vendredi et samedi coïncide avec la résurgence de l'affrontement entre républicains et démocrates américains à propos de la dette US. Marquant le retour à l'échelle mondiale – et non plus seulement européenne - d'une dette dont nul ne sait comment la résorber, et au premier plan le débat sur la stimulation d'une croissance qui n'est pas au rendez-vous.
En raison du risque contenu par la Banque de Grèce avec  l'aval de la BCE d'un effondrement des banques grecques, et de la perspective qui se rapproche tous les jours d'un sauvetage imposé de l'Espagne - ainsi que de leurs conséquences imprévisibles - l'Europe va encore avoir la vedette en solo. Mais pour combien de temps encore ? En pleine campagne électorale, les élus républicains majoritaires à la Chambre des représentants viennent de remonter au créneau, annonçant un nouveau bras de fer à propos du déplafonnement de la dette prévu pour la fin d'année. Tim Geithner, le secrétaire d'Etat au Trésor leur a répliqué qu' « on ne pourra pas surmonter les défis qui se posent aux Etats-Unis avec un programme économique d'austérité immédiate et violente ».
Au chapitre de la croissance, alors que celle de la Chine qui devait tirer le monde s'essouffle, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est dite « encouragée d'entendre des déclarations venant de dirigeants européens sur l'effort fait pour tenter de trouver un consensus autour de la croissance ». Rencontrant Mario Monti, le président du conseil italien, Barack Obama a défendu cette même approche. Selon le communiqué de la Maison Blanche, les deux dirigeants, « se sont mis d'accord sur la nécessité d'intensifier les efforts destinés à promouvoir la croissance et la création d'emploi ».
Devant cette offensive américaine, le gouvernement allemand affecte la sérénité : « je ne pense pas qu'on en arrive à des querelles » a déclaré un haut fonctionnaire qui a réclamé l'anonymat, en ajoutant « nous avons bien vu que tout le monde voulait la croissance ». Certes, l'objectif est en paroles commun mais les moyens diffèrent.
Les Américains se donnent implicitement comme modèle aux Européens, l'administration Obama ayant favorisé les mesures de relance au détriment de la rigueur budgétaire, et la Federal Reserve soutenu l'industrie financière tout en faisant baisser par ses achats les taux à long terme de la dette publique. En Europe, le débat est engagé entre les partisans de réformes structurelles d'inspiration libérale et ceux qui préconisent une politique d'investissement. Les uns et les autres sont néanmoins d'accord pour attendre de la croissance la solution à des problèmes qu'ils ne parviennent pas à résoudre sans son apport.
Barack Obama averti ses challengers qu'ils ne doivent pas rééditer « la catastrophe du plafond de la dette de l'année dernière », durant l'été2011, tandis que John Boehner, le leader républicain de la Chambre des représentants, déclare qu'« il ne permettra pas un relèvement du plafond de la dette sans que quelque chose de sérieux ne soit fait contre la dette » et demande « où est le plan du président ?» pour endiguer une dette qui dépasse 15.600 milliards de dollars. Mais les républicains ne veulent pas d'augmentation des impôts et les démocrates n'acceptent pas de coupes dans les programmes sociaux... Les dirigeants de la Fed s' inquiètent des répercussions d'un retour à marche forcée vers l'équilibre budgétaire aux Etats-Unis, en plus des risques que fait courir la crise européenne.
En Europe, la stratégie choisie de désendettement de la dette, tant publique que privée, est en échec et suscite une dynamique de crise qui ne se dément pas. La croissance nulle mesurée par Eurostat dans la zone euro pour le premier trimestre n'augure rien de bon, tandis que le système bancaire semble devenu dépendant de la morphine monétaire de la BCE. Les échéances grecques et espagnoles ne vont pas pouvoir être repoussées longtemps.
Une vérité se fait jour, objet d'un nouveau déni auquel le « G8 » va participer : dans toute l'économie occidentale, la dette est tout simplement trop importante pour être résorbée. Ni les mesures d'austérité qui freinent l'économie, ni les tentatives contradictoires de relance destinées à développer les ressources fiscales ne peuvent y prétendre sérieusement. La machine est cassée. Gagner du temps est la seule stratégie qui subsiste et l'invocation de la croissance a toutes les chances de se résumer à un geste politique de plus. Cela va être un« G8 » pour rien, l'habitude s'en installe.

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