lundi 7 mai 2012
L’abîme
L’euphorie qui s’est exprimée cette nuit dans les rues de Paris et
des autres villes de France, les larmes de joies, les cris hystériques,
les coups de klaxon, la jubilation des journalistes avaient un
caractère surréaliste. De même, le discours enflammé du nouveau
président invoquant « le rêve français » nous semblait étrangement
décalé.
D’abord, jamais élection n’a été aussi peu glorieuse. Elle est le
fruit d’un pilonnage intense de l’appareil médiatique depuis plus de
cinq ans fondé sur la caricature, les amalgames, les insultes, la
calomnie, les jappements haineux et les mensonges qui vont laisser de
traces. Le résultat n’est pas déshonorant pour l’ex-majorité : 48,5%
environ, alors que tous les sondages – ultime manipulation – depuis le
début de l’année, annonçaient une débâcle autour de 42 ou 45%. Les
trahisons ont, comme souvent à droite, beaucoup pesé sur le score
final, en particulier celle de M. Bayrou.
Ensuite, l’époque ne se prête pas à cette déferlante de joie. Le pays
est profondément divisé avec un FN surpuissant, une droite modérée
humiliée, une gauche exaltée mais démunie de projet politique. La dette
et les déficits, après le violent séisme de la crise financière,
atteignent des sommets. Les jeunes ne trouvent pas d’emploi. Les
quartiers sont rongés par une insécurité dont plus personne ne parle et
le communautarisme. Qui peut croire un instant que le programme de la
nouvelle majorité – recrutement de 60000 professeurs, fermeture d’une
centrale nucléaire, vote des étrangers - est à la hauteur d’une
situation extrêmement sombre qui appelle au contraire l’effort, la
rigueur, le courage.
Inévitablement, nous allons vers des temps dramatiques, d’abord
l’état de grâce, une fuite en avant destinée à faire oublier les
réalités à l’image de la « fête » de cette nuit, puis un retour du réel
qui frappera le pays de plein fouet mais nul ne sait sous quelle forme…
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