Lorsqu'il réunit ses troupes à l'Elysée dimanche 6 mai au soir, Nicolas Sarkozy est on ne peut plus clair sur son avenir. "Il nous a dit : 'Je ne serai plus candidat aux mêmes fonctions'", relate le ministre du travail Xavier Bertrand. "Cela ne surprendra personne. Je l'ai dit avant. Cela ne créera pas de psychodrame comme avec Jospin'".
Des propos confirmés par plusieurs conseillers du président ;
"Il a dit, j'arrête la politique".
Pour ne pas désespérer les militants, alors que la bataille des
législatives s'engage, Nicolas Sarkozy s'est montré plus flou :
"Une autre époque s'ouvre. Dans cette nouvelle époque, je resterai l'un des vôtres. Vous pourrez compter sur moi pour défendre nos valeurs. Ma place ne pourra plus être la même.
Evoquant ses
"trente ans de vie politique", il a assuré :
"mon engagement sera désormais différent. Je m'apprête à redevenir un Français parmi les Français ". Le chef de l'Etat sortant avait annoncé dès son
voyage en Guyane, en janvier, qu'il arrêterait la politique en cas de défaite :
"Vous ne me verrez plus", avait-il confié aux journalistes, expliquant qu'il ne se voyait pas
animer des réunions
UMP. Il avait confirmé
ses propos en début de campagne sur RMC.
Son entourage reste dubitatif. Claude Guéant souhaiterait que M.
Sarkozy s'engage dans la bataille des législatives. Il en a touché un
mot à
Henri Guaino, qui a constaté que M. Sarkozy n'en voulait pas. Son épouse
Carla Bruni non plus. Un proche du président battu assure :
"Il ne fera pas la bataille des législatives. Mais la vie est longue. Vous le retrouverez en 2017." Certains députés ont une crainte : que Nicolas Sarkozy reste comme
Lionel Jospin, tel la statue du commandeur, empêchant son camp de
tourner la page.
Digne et respectueux. Nicolas Sarkozy, qui y a cru
jusqu'au bout, a adressé un discours à ses militants, dès 20h20, dans
lequel il a cherché à se montrer fairplay. Le président sortant a, dans
une salle de la mutualité à Paris emportée par la tristesse et la
déception,
reconnu sa défaite.
"Je viens d'avoir (François Hollande) au téléphone, je veux lui
souhaiter bonne chance au milieu des épreuves", a-t-il poursuivi, "ça
sera difficile, mais je souhaite de tout coeur que la France, qui est
notre pays, réussisse à traverser les épreuves car il y a quelque chose
de beaucoup plus grand que nous, c'est notre patrie, c'est la France."
Il a appelé les militants UMP, qui commençaient à
huer le nouvel élu, à respecter ce choix. Et de rappeler "J'ai beaucoup
souffert que l'institution que je représentais n'ait pas été respectée,
ne donnons pas le mauvais exemple. Nous aimons la France, je ne serai
jamais comme ceux qui nous ont combattu."
Quel avenir?
"Ce
soir, donnons la meilleure image de la France, d'une France rayonnante,
d'une France qui n'a pas de haine au coeur, d'une France démocratique,
d'une France joyeuse, d'une France ouverte qui ne baissera pas la tête,
d'une France qui ne regarde pas l'autre comme un adversaire, comme un
ennemi", a-t-il déclaré, sobre, un peu
marqué par le coup reçu.
"Soyons dignes, soyons patriotes, soyons français", a-t-il ajouté. Le
président sortant a souligné qu'il y avait "quelque chose de beaucoup
plus grand que nous, c'est notre pays".
"Nous
devons ce soir penser exclusivement à la grandeur de la France. C'est
notre mission, c'est notre rôle, c'est notre idéal", a-t-il ajouté.
Celui qui est encore chef de l'Etat pendant neuf jours a déjà évoqué son
avenir : il va redevenir "un Français parmi les Français", expliquant
que son engagement serait désormais "différent". Ainsi, a-t-il avancé,
il ne mènera "pas la bataille des législatives
"Au
moment où je m'apprête à redevenir un Français parmi les Français, plus
que jamais, j'ai l'amour de notre pays inscrit au plus profond de mon
coeur", a-t-il ajouté, évoquant à demi-mots un retrait de la vie
politique. Mais le président sortant a laissé entendre autre chose au
même moment. "Après 35 ans de mandats politiques, (...) cela fait dix
ans que chaque seconde, je vis pour les responsabilités gouvernementales
au plus haut niveau, après cinq ans à la tête de l'Etat, mon engagement
dans la vie de mon pays sera désormais différent", a-t-il expliqué. Si
son engagement dans la vie politique française sera différent, cela
laisse la porte ouverte à un engagement ailleurs… à l'international?
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