lundi 7 mai 2012
Nicolas Sarkozy a été le premier à
s'exprimer, peu après 20h dimanche. Il a déclaré assumer la défaite et
rendu hommage à François Hollande. Une attitude très différente de celle
de Valéry Giscard d'Estaing, qui en mai 1981, voyait sa défaite comme
une injustice.
Christophe de Voogd : Il
y a une analogie de situation qui est assez frappante. Valéry Giscard
d’Estaing, dans son discours de départ, avait parlé d’une « crise sans
précédent depuis 50 ans » : Nicolas Sarkozy a repris ce thème, pour les
mêmes raisons. Le score de ce second tour est également quasiment
identique à celui de 1981. On retrouve aussi les « faux amis » qui vous
font perdre… Des gens qui ont choisi le camp adverse. En 1981, c’était
Jacques Chirac ; cette fois ci c’est François Bayrou. Par ailleurs,
toute la campagne de 1981 s’était faite sur l’anti-giscardisme, avec les
affaires, les diamants…
Mais
comparaison n’est pas raison. On est 30 ans plus tard. Il y avait un
score de la gauche au premier tour et un enthousiasme populaire bien
supérieurs en 1981 que j’ai vécu en direct à la Bastille. Le facteur
Front national est totalement nouveau, et les personnalités sont très
différentes. Sarkozy fera sans doute un autre discours au moment de
quitter ses fonctions, mais son premier discours peut déjà être comparé à
celui de Giscard.
Justement !
Ce n’était pas un « discours d’adieu ». Il l’est devenu
rétrospectivement dans la mémoire collective, car Giscard n’est jamais
revenu, mais le contenu et le message du discours étaient bien « au
revoir ». Giscard d’Estaing avait choisi de faire ce discours 7
ans jours pour jour après son arrivée au pouvoir, pour faire son bilan.
Tout son discours est orienté sur le thème : « mon bilan est bon, on m’a
fait une injustice. Vous allez me regretter. Et je suis prêt à
revenir » Il était encore jeune. Son calcul était que la gauche allait être une catastrophe, et qu’il reviendrait en sauveur.
Nicolas
Sarkozy a eu une toute autre approche. Son discours est très personnel
et beaucoup plus émotionnel que celui de Giscard. Il est aussi plus
républicain. Giscard parlait de lui dès le début de son discours, alors
que Sarkozy a commencé par rendre hommage à son successeur, sur le thème
qu’il a toujours décliné selon lequel « le choix du peuple est toujours
le bon ». Son discours était très fair-play, alors qu’il y
avait beaucoup d’amertume dans celui de Giscard, tant dans le verbe que
dans le non-verbal, le ton, la pose très solennelle. Sarkozy
était beaucoup plus animé, plus personnel. Il présentait un côté du
personnage que l’on a méconnu, celui de quelqu’un extrêmement émotif,
pour le meilleur comme pour le pire. Ce soir c’était pour le meilleur.
Il a reconnu et assumé sa défaite. Pour VGE, la défaite était un
malentendu. Sarkozy n’a pas dit que la sienne était une injustice. Il en
a même assumé la responsabilité. Sur leur bilan, il y a par contre des
points communs : ils ont l’un et l’autre traversé une crise, et pensent
l’avoir plutôt bien gérée. Ce qui sur le fond est difficilement
discutable…
A mon sens,
la grande erreur de la campagne de Sarkozy a été de ne pas assumer très
tôt son bilan. Car non seulement, il n’est pas mauvais, mais en plus la
gauche ne reviendra par sur la plupart de ses réformes. Il lui aurait
fallu très tôt accepter la critique et la retourner à son avantage :
assumer en somme ce qui était considéré comme sa faiblesse.
Le
président sortant ne s’est pas exclu lui-même du jeu, en déclarant
qu’il quitterait la vie politique. Il faut dire qu’il n’avait aucune
raison de faire comme Jospin, car perdre avec 49% des voix au 2e tour ce n’est pas comme perdre au premier ! Ce parallèle est donc faux et absurde historiquement..
Sarkozy
a été finalement très fin, car sa déclaration laisse la porte ouverte à
deux possibilités : un retrait à la Jospin, ou un retour comme
l’espérait Giscard. Cela veut dire qu’il ‘"n’insulte pas l’avenir" comme on dit...
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