samedi 5 mai 2012
Bayrou votera pour Hollande
• Et pour le « mariage » gay
• Et pour l’euthanasie
• Et pour l’IVG remboursée à 100%
François Bayrou ne donne pas de « consigne générale de vote ». Mais
il indique qu’il optera « à titre personnel » pour le candidat
socialiste. « Je ne veux pas voter blanc, ce serait de l’indécision. Reste le vote Hollande : c’est le choix que je ferai »,
a-t-il annoncé jeudi soir, après une longue concertation avec les
membres dirigeants du MoDem. Au lendemain du premier tour, le candidat
centriste, arrivé en cinquième position (9,13 % des suffrages), avait
annoncé qu’il prendrait « ses responsabilités ». Il l’a fait, au terme
d’un suspens journalistique entretenu jusqu’à la dernière minute. Après
sa défaite à l’élection présidentielle, le président du MoDem aura joué,
avec un peu de cabotinage, son dernier atout ; non pas pour peser sur
le vote (il est devenu trop léger pour cela), mais pour retenir jusqu’au
dernier instant l’attention médiatique sur lui. Au prix, peut-être,
d’un suicide politique…
S’il salue la position de François Hollande sur la moralisation de la vie publique – le parti de DSK
est assurément le mieux placé pour moraliser celle-ci – le leader du
MoDem souligne néanmoins des désaccords avec le « volet économique de
son programme ». Un programme qu’il qualifiait, trois semaines
auparavant, d’« insoutenable ». Faut-il voir dans ce choix de dernière
minute l’insoutenable légèreté de Bayrou, votant plus par aigreur et
amertume que par conviction ? Comment expliquer qu’il fasse aujourd’hui
confiance à la folie dépensière des socialistes pour résorber la dette
et les déficits, alors même qu’il continue de critiquer le programme
économique du PS, annonçant que son application ruinerait le pays ? Son
vote Hollande c’est en quelque sorte : la faillite me voici ! Un dépit
qu’il habille de prétextes politiques invraisemblables. « Je pense que,
devant cette crise inéluctable, il n’y aura pour la nation qu’une
attitude possible : l’union nationale (…) Par ce choix, je rends
possible celle-ci pour la première fois (…). » En fait d’union, François
Bayrou commence par démantibuler un peu plus un MoDem déjà en voie de
dislocation…
Bayrou quitte sa famille politique en pleine bataille électorale,
mais il garde son quant-à-soi… « Si l’on en reste à la gauche classique,
je serai dans une opposition vigilante », prévient-il. Et pour
surveiller Hollande de plus près il va aller s’asseoir sur les genoux de
Jean-Luc Mélenchon et Eva Joly ?
Outre un ressentiment personnel à l’égard de Nicolas Sarkozy,
quelles autres raisons motivent le choix de François Bayrou ?
L’exécration du Front national et son aversion pour les frontières. A
quoi s’ajoute sa dévotion envers l’Europe : « Nicolas Sarkozy s’est
livré à une course-poursuite après l’extrême droite dans laquelle nous
ne retrouvons pas nos valeurs. L’obsession des frontières à rétablir,
qui ne voit que cela mène à la négation du projet européen ? » Et de
fustiger, dans les prises de proposition du président sortant, « une
ligne violente ». Nicolas Sarkozy avait déclaré qu’il s’était adressé
aux électeurs du Front national « sans se pincer le nez ». Bayrou lui ne
veut pas en respirer l’odeur, même dans le discours des autres, tant
les idées des électeurs de Marine Le Pen le révulsent. Ceux-ci s’en
souviendront…
Douste-Blazy, déjà…
Le président du MoDem, « sans donner de consigne », votera donc « à
titre personnel » pour François Hollande. Dès mercredi son ami Philippe
Douste-Blazy l’avait précédé sur cette inclinaison à gauche. L’ancien
ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac (2005-2007), soutien
de François Bayrou au premier tour de la présidentielle, avait lui aussi
annoncé mercredi qu’il ne voterait pas au second pour Nicolas Sarkozy.
Tout en continuant de se réclamer de la « famille de pensée » du centre
droit, il assurait : « Pour la première fois de ma vie et j’espère la
dernière, je ne pourrai pas voter pour le candidat censé représenter ma
famille politique. »
Douste-Blazy accusait lui aussi le président de la République « de
faire de la frontière le cœur de tous les problèmes ».
L’euro-mondialisme et la libre circulation des capitaux, des biens et
des personnes sont la boussole idéologique des centristes. Douste-Blazy
reprochait à Nicolas Sarkozy, par son éloge des frontières, « de
proposer aux générations futures, comme idéal, une porte blindée ».
C’est l’idée que les centristes se font des frontières. Des murs de
Berlin qu’il faut éradiquer… Douste-Blazy, tout comme Bayrou, estimait
que le rôle du président de la République est de « rassembler » et non
de « flatter les extrêmes ». L’idée de nation et d’identité nationale
constituant pour eux le pire des extrémismes. Après le centre droit et
le centre gauche, Bayrou et Douste-Blazy ont en quelque sorte inventé le
centre courbe…
Moi, président…
« Le mot de la langue le plus difficile à prononcer et à placer convenablement, c’est moi », écrit Alfred de Vigny dans Journal d’un poète.
Tel n’est sans doute pas l’avis de François Hollande, : le candidat
socialiste nous a asséné, durant le débat de mercredi, toute une
kyrielle de Moi, déclinée avec une emphase moliéresque. « Moi,
président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je
ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée. Moi,
président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de
collaborateur. Moi, président de la République, je ne participerai pas à
des collectes de fonds pour mon propre parti dans un hôtel parisien… »
Moi, Moi, Moi… répété une quinzaine de fois. Une tirade de trois
minutes. Sans d’ailleurs que Nicolas Sarkozy ne songe à l’interrompre.
Sans doute pensait-il que le candidat socialiste était en train de se
ridiculiser et qu’il valait mieux le laisser s’enfoncer dans cette
insolence un peu grotesque ?
François Hollande ou Monsieur Moi Je… Un bouffon bouffi de vanité.
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