samedi 5 mai 2012
L’ombre trompeuse du donjon tricolore
L’an dernier, Nicolas Sarkozy serait tombé des nues si on lui avait annoncé qu’il allait affronter François Hollande en un combat serré. Il y a un an à pareille époque, le sémillant Dominique Strauss-Kahn faisait des cachotteries pour mieux distiller son envie d’emménager à l’Elysée. Evoquer ce passé encore chaud, c’est rappeler que l’actualité ne cesse de multiplier les brèches et les bifurcations.
Les impondérables venus de loin ont transformé la campagne électorale. Nicolas Sarkozy aurait marqué des points si les scandales avaient saisi Strauss-Kahn en plein vol, après l’investiture comme candidat officiel du PS. Si un tsunami n’avait pas noyé Fukushima, débattrait-on avec insistance du sort de la centrale de Fessenheim ? Et si la Grèce, l’Irlande, l’Espagne et quelques autres n’étaient pas fragiles à l’extrême, il est probable que la thématique européenne aurait été expédiée en quatrième vitesse.
La crise est là, le monde est poreux et néanmoins cette campagne s’est singularisée par ses obsessions nationales. Le registre hexagonal, plus connu et plus commode, a été encensé comme jamais. Si certains candidats avaient pu le sanctuariser, ils se seraient battus pour réinventer glorieusement les remparts, les douves, les herses et les mâchicoulis. On n’a jamais brandi autant de drapeaux tricolores qu’en ces temps où la France baisse pavillon en matière de croissance.
Une certitude se dégage pourtant. L’avenir de la France ne se joue pas en champ clos. Il est aberrant d’aborder les problèmes de 2012 dans le cadre restreint des frontières de 1918. On a trop éludé, esquivé, procrastiné.
« Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt », dit le proverbe. Il n’est plus temps de demander la lune mais au moins, cessons de regarder le doigt ! Ou, ce qui n’est pas mieux, notre nombril.
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