Les sondages et la campagne électorale ne rassurent guère les partenaires de la Grèce. Les deux partis qui se sont succédé au pouvoir, le Pasok (socialiste) et Nouvelle démocratie (centre-droit), sont en chute libre. Ils ne représentent à eux deux qu'environ 36% des intentions de vote (selon les derniers sondages disponibles). Face à ces partis de gouvernement, une multitude de petites formations, d'extrême droite comme d'extrême gauche, qui rejettent les plans de rigueur et l'aide internationale. Additionnés, ils ratisseraient plus de 50% des suffrages.
Une majorité des Grecs exprime un raz le bol des mesures de rigueur. À cause de la baisse des salaires et de la hausse des impôts et taxes, le revenu réel des ménages a chuté de 23% en moyenne ces trois dernières années. Plus de 60.000 entreprises ont fait faillite en 2011. Ce n'est pas fini: Athènes doit appliquer maintenant une baisse du Smic de 22% et continuer de couper dans les dépenses.
«La fragmentation du paysage politique grec compliquera grandement les efforts visant à constituer un gouvernement stable dont le pays a désespérément besoin pour se réformer», analyse Janet Henry, économiste chez HSBC. Sous la pression des extrémistes de deux bords, le Pasok et Nouvelle démocratie promettent de renégocier la feuille de route imposée par le Fonds monétaire internationale et l'Union européenne pour redresser les finances publiques.
Même une simple tentative de rouvrir les négociations pourrait remettre le feu en zone euro. Tout cela pour rien, Athènes n'étant pas en position de négocier quoi que ce soit. «En matière de politique budgétaire, la Grèce a vu sa souveraineté se réduire comme peau de chagrin: elle est désormais sous la coupe de Bruxelles et du FMI», rappelle Thibault Mercier, économiste spécialiste des pays d'Europe du sud chez BNP Paribas.
Plus un euro en caisse
Le pays, exsangue, n'a plus un euro en caisse. Si l'aide internationale devait être suspendue, l'État ne pourrait plus payer les fonctionnaires et les retraités, ni honorer ses factures. Bref, ce serait la banqueroute et le chaos social. Cette éventualité pourrait survenir même si toute velléité grecque de renégocier était étouffée, prévient Stéphane Déo, «si, dans les prochains mois, la Grèce ne remplit pas ses objectifs».Le futur gouvernement devra en tout état de cause trouver rapidement 3 milliards d'économies supplémentaires. Ensuite, il devra élaborer d'ici fin juin un plan de rigueur de 12 milliards d'euros pour les années 2013 et 2014. Et, malgré tous ces efforts, estime UBS, «une nouvelle restructuration de la dette grecque semble inévitable».
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