TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 6 avril 2012

Treize parmi combien d’autres ?


Treize des dix-sept islamistes « radicaux » interpellés vendredi (voir l’article de Pierre Malpouge dans Présent d’hier) étaient donc présentés mardi aux juges antiterroristes en vue d’une mise en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et acquisition, détention et transport d’armes, soupçonnés en particulier d’avoir évoqué un « projet intellectuel » d’enlèvement d’un magistrat lyonnais. Le parquet a requis un placement en détention pour neuf d’entre eux.
Dans le lot, Mohamed Achamlane, le leader du groupuscule salafiste Forsane Alizza, un « Français » de 34 ans. Il avait récemment jugé « possible » un recours à la lutte armée « si l’islamophobie s’intensifie ». Sur son site, désormais fermé, le groupuscule recherchait « toutes sortes de compétences mais surtout des soldats » ! Parmi les éléments retenus contre les treize, figure notamment un « projet intellectuel » d’enlèvement d’un juge de Lyon évoqué lors d’une réunion en septembre 2011 qui n’a cependant fait l’objet d’« aucun commencement d’exécution », a ajouté le procureur. Des mesures de protection pour le magistrat et sa famille auraient néanmoins été prises vendredi.
Mohamed Achamlane conteste fermement tout projet d’enlèvement quel qu’il soit, a indiqué son avocat nantais, Me Benoît Poquet, dans un communiqué. « L’enquête à venir permettra de démentir définitivement cette affirmation d’un “projet d’enlèvement”, laquelle participe à l’évidence à une volonté d’influencer l’opinion publique », a-t-il ajouté.
« Ce n’est pas mon client qui a tenu ces propos. Il y avait une vingtaine de personnes à cette réunion, pas que des membres de Forsane Alizza » et ces propos « ont été tenus dans un moment de délire collectif », a cependant précisé Me Philippe Missamou, qui assiste Mohamed Achamlane à Paris devant les juges antiterroristes. Selon des « sources proches de l’enquête », la tentative de rapt visait le magistrat Albert Lévy – dont le nom n’est pas inconnu aux anciens lecteurs de Présent – qui avait suivi un dossier dans lequel un des gardés à vue a été condamné en juin 2010 à un an de prison ferme, une affaire liée à une privation de soin de ses enfants.
La décision d’interpeller ces personnes vendredi résulte d’un « croisement » d’éléments du dossier, dont des informations sur des « entraînements physiques », des « appels au jihad », et un « comportement de confidentialité » adopté récemment, a expliqué le procureur de Paris, François Molins : « Tout ça incite les magistrats instructeurs à ne pas prendre de risque, il y a suffisamment d’éléments pour aller les chercher et pour éviter un passage à l’acte imminent. » Par ailleurs, tous les mis en cause ont confirmé le rôle d’animateur, de coordinateur et d’« émir » de Mohamed Achamlane, a ajouté le magistrat en précisant qu’une dizaine d’armes avaient été saisies.
Nicolas Sarkozy, qui avait prévenu vendredi que ce type d’opérations allait se poursuivre, a justifié les arrestations en déclarant que des « éléments extrêmement sérieux » avaient été accumulés par la police : « Disons qu’on a été les chercher chez eux, la police était sur eux depuis quelque temps et vous verrez que, dans les semaines qui viennent, nous continuerons ce travail absolument systématique, qui consiste à assurer la protection des Français en ne tolérant pas ce type d’activité. »
Le très à gauche Syndicat de la magistrature (SM) a accusé le président Sarkozy d’« instrumentaliser » cette affaire et apporté son soutien au juge lyonnais Albert Lévy en déplorant que des médias aient « cru utile de révéler le nom de ce magistrat faisant l’objet d’une protection policière depuis plusieurs jours ». Dans son communiqué, le SM exprime son total soutien à Albert, « camarade engagé depuis toujours dans le combat syndical… » Puis le syndicat précise : « A l’instar d’Albert Lévy, le SM n’acceptera aucune récupération politique (…) de cette affaire déjà instrumentalisée par le président-candidat. » Clémentine Autain, porte-parole du candidat du Front de gauche à la présidentielle, s’est interrogée pour sa part sur le calendrier de l’arrestation d’islamistes radicaux, à l’approche du premier tour de l’élection, mettant en garde contre une « manip » de la droite : « Je suis obligée de m’étonner du contexte… S’il y avait des islamistes dangereux auparavant, il aurait fallu évidemment les arrêter. »
De son côté, Louis Aliot (vice-président du FN) a assuré mardi, à propos des expulsions de militants islamistes ordonnées par le gouvernement (trois imams radicaux et deux militants islamistes étrangers : cf. Présent d’hier), qu’« il y a bien un risque qui est terroriste dans notre pays ». Nicolas Sarkozy, a-t-il observé, a été ministre de l’Intérieur pendant cinq ans, il est président de la République et il s’aperçoit qu’il y a un problème parce qu’après l’affaire Merah, « Marine Le Pen a dit qu’il minimisait le risque fondamentaliste ». L’élu régional de Languedoc-Roussillon a souligné qu’il y avait un Algérien (Ali Belhadad) dans cette bande-là qui a été condamné pour des attentats à Marrakech en 1994 : « Il faisait quoi chez nous ? Non seulement on est obligé de recevoir toute la misère du monde, mais en plus, si je puis dire, on se tape toute la racaille des autres pays. C’est inadmissible… Le gouvernement savait que cet Algérien était sur notre sol. Mais il attend les quinze derniers jours [avant le premier tour], très certainement pour faire un coup de pub. »
Dans Le Journal de la Haute-Marne, Patrice Chabanet n’hésite pas, quant à lui, à faire le lien avec la situation au Mali : « Là, c’est carrément une branche d’al-Qaeda (Aqmi) qui s’est emparée de la moitié du pays avec, sans doute, l’intention d’en contrôler la totalité. (…) Ce qui se passe au Mali n’est pas une “affaire étrangère”. Elle nous concerne directement. Il ne faut pas oublier qu’Aqmi détient des otages français depuis plus de quatre mois. L’installation d’une république islamique, fondée sur la charia, au Mali constituerait aussi une base arrière, avec pignon sur rue, pour le terrorisme international, menaçant aussi bien l’Afrique que l’Europe… » Tout « amalgame » avec le devenir de la situation française serait évidemment déplacé…

0 commentaires: