mardi 10 avril 2012
Pourquoi l'anti-sarkozysme est-il devenu un élément central du quinquennat ? Le point de vue de Chantal Delsol
Enième épisode des combats idéologiques
franco-français… quand on pense que certains croient évacué le face à
face droite/gauche ! Qu’on se souvienne à quel point tous les présidents
de la République ont été giflés, brutalisés par toutes sortes
d’écrivains, de médias, de rumeurs. Une situation qui coule de source
dans un pays où l’opinion est libre et le chef de l’Etat trop puissant.
Mais
enfin on peut penser objectivement que l’anti-sarkosysme vise une
politique et un président de droite. Il ne faut quand même pas oublier
que quatre-vingt pour cent de nos journalistes sont de gauche ou
d’extrême-gauche, ce qui laisse davantage de chances de se faire
vilipender à Nicolas Sarkozy qu’à François Hollande. Et même si
l’on envisage les choses non plus du point de vue quantitatif, mais
qualitatif, il est clair que la gauche est plus combative que la droite.
Ecoutez les artistes qui ont soutenu Nicolas Sarkozy ouvertement la
première fois, et qui racontent de quelle manière ils ont été ensuite
privés de salles de concert dans les municipalités socialistes… les
maires de droite en font-ils autant ? on en doute. La gauche est
pugnace, combative, on peut dire facilement agressive, et d’une manière
générale elle n’est jamais fatiguée pour combattre le camp adverse,
alors que la droite est à éclipse, souvent nonchalante et plus nantie
d’humour que de détermination. Autrement dit, il ne faut pas
s’étonner si un président dont l’action depuis cinq ans se situe
clairement à droite, recueille les quolibets d’une presse très
majoritairement à gauche. Il faut ajouter que notre presse en outre a
pris l’habitude de trouver en face d’elle des gouvernants de droite
faisant la politique de la gauche, par mauvaise conscience, par crainte
de n’être pas conforme. Et se trouve horrifiée de rencontrer ici
quelqu’un qui fait une véritable politique de droite : cela mérite un
pilonnage en règle.
Enfin, il y a un principe élémentaire que notre président ignore, et qu’il aurait d’ailleurs été incapable de respecter : quand
on est marginal, on doit impérativement se comporter avec davantage de
respect, de politesse, de tolérance, d’attention… que les autres.
Sinon, on ne parviendra jamais à faire valoir ses propres convictions –
mal vues. Ce n’est pas que la droite soit marginale dans le pays – au
contraire elle représente la majorité des citoyens. Mais elle est
marginale en influence et en puissance (d’où les quatre-vingt pour cent
de journalistes). Ainsi un homme de droite, et même le président de la
République, ne sera écouté que s’il se comporte avec bienveillance et
éducation. C’est ce que notre Président n’a pas compris. Un
président de la république française qui dit devant la presse
« Casse-toi » ou « Avec Carla c’est du sérieux », ou qui pianote sur son
mobile pendant qu’un chef d’Etat lui parle, s’il est de droite il
passera à la casserole fissa. Sans compter que les citoyens
détestent la vulgarité quand il s’agit d’un homme de pouvoir : si le
gouvernant rejoint le commun par ses manières, alors qu’il descende !
On n’est pas de droite n’importe comment. On n’est pas gouvernant n’importe comment.
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