jeudi 12 avril 2012
Éloge d'Elisabeth Lévy, petit soldat de la liberté d'expression
Chaque jour qui passe, la police de la pensée marque des points. Même
au bistrot, il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de
sortir une bêterie qui doit être conforme, sous peine d'amende, bientôt
de prison. Il n'y a pas que la liberté d'expression qui est
judiciarisée, donc menacée. En attendant la prochaine offensive contre
le vin, L'Amateur de cigare, une superbe revue, pourrait être
interdit en kiosque sous prétexte qu'il fait l'apologie du... cigare.
Honte à nous et c'est un non-fumeur qui le dit.
C'est pourquoi le livre d'Élisabeth Lévy, dont les lecteurs du Point connaissent la signature, fait du bien. Elle l'a titré : La gauche contre le réel
(1), ce qui réduit son propos, en vérité infiniment plus large. Que
l'on partage ou non ses idées - ce qui n'est pas forcément mon cas, loin
de là -, on ne peut qu'approuver sa démarche : nous devons cesser de
dégringoler cette pente au bout de laquelle le débat intellectuel ne se
déroulera plus que dans les tribunaux, par avocats interposés.
Membre
du quarteron de journalistes félons ou "néoréactionnaires" qui, avec
Éric Zemmour, sont censés menacer la République, Élisabeth Lévy se livre
ici à une défense et illustration de la célèbre formule faussement
attribuée à Voltaire : "Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai
jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer."
Recroquevillé
sur son nombril, notre pays, désormais spécialisé dans la production de
bâillons, supporte de moins en moins les voix discordantes, à droite, à
gauche ou au centre. Ce que démontre ce brillant pamphlet, c'est que le
stalinisme n'est pas mort et qu'en France il bouge encore...
1. Fayard.
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