lundi 16 janvier 2012
Les présidentiables au pied du mur
Après la Grèce, l'Italie et l'Espagne, une agence de notation va-t-elle, chez nous aussi, savonner la planche du pouvoir ? C'est un comble, à cent jours du scrutin, que la question brutale de la réélection de Nicolas Sarkozy se pose parce que les gardiens du droit de spéculer en rond ont asséné un coup à la droite, leur alliée habituelle, et validé les reproches de la gauche, leur ennemie supposée.
Même s'il n'est pas glorieux d'annoncer une maladie quand le patient est déjà sous traitement, le mal politique est fait. Pour le président candidat, mal en point dans les sondages, l'histoire dira si ce vendredi 13 restera celui de la malchance. Et si la vérité et le courage, lors de sa prochaine adresse aux Français, réussiront à convaincre. Nicolas Sarkozy n'est jamais meilleur que dans la difficulté ? Le voilà servi !
Étonnamment tardive, la sanction de Standard & Poor's appuie là où ça fait mal. On a beau jouer les petits De Gaulle en rappelant que la politique ne se fait pas à la Bourse, un tel tohu-bohu signifie bel et bien qu'elle traduit la réalité et contredit Nicolas Sarkozy !
En sanctionnant la France, mais pas l'Allemagne, l'agence de notation fait pâlir l'étoile présidentielle. Elle affaiblit son autorité et sa capacité d'entraînement sur la scène internationale. Elle suggère que la mise en scène des multiples sommets européens « de la dernière chance » masquait bien la lenteur des réactions, la faiblesse des décisions et la profondeur des désaccords.
Lui qui a fait de la réactivité dans la crise sa principale arme fait douter de sa capacité à retourner la situation en sa faveur, en trois mois et demi. Les mesures attendues, outre qu'elles ressemblent à un tardif sauve-qui-peut, seront peut-être bonnes, à terme, pour la compétitivité. Dans l'immédiat, le seul transfert vers la TVA de 35 milliards de charges patronales la fameuse TVA sociale sera surtout douloureux pour le contribuable consommateur.
En creux, cette sanction valide le diagnostic de la gauche qui tire à boulets rouges, depuis quatre ans et demi, sur un « paquet fiscal » voté à contretemps. Qui déplore, depuis des mois, l'inadaptation de la Banque européenne. Et qui réclame un volet « relance » pour sortir de la crise, en retrouvant le chemin de la croissance et des recettes fiscales.
En creux seulement. Et François Fillon, le malicieux, a raison de se demander ce que les agences de notation penseraient du programme de François Hollande.
Le candidat socialiste ne peut pas se permettre le moindre message de laxisme sans s'exposer à une nouvelle dégradation dont la facture budgétaire et politique serait dramatique. Il ne peut pas aller trop loin dans la rigueur sans décupler les foudres d'un Jean-Luc Mélenchon à l'affût d'une cassure du PS, au profit d'un pôle élargi de la gauche radicale dont il serait le chef. Il ne peut pas ne rien dire sans risquer d'élargir l'espace de François Bayrou et de Marine Le Pen.
Son premier grand meeting, dimanche au Bourget, sera un indicateur de la capacité du candidat socialiste à offrir une alternative politiquement solide et économiquement crédible. Plus largement, il est à craindre que l'enjeu pousse les candidats à critiquer le plus possible et à proposer le moins possible. À s'entre-déchirer quand il faudrait rassembler.
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