On s'y attendait, mais on joue les étonnés. On feint la surprise et on est surpris à la fois. On savait la sanction inéluctable, mais on se scandalise quand même.
Les plus belliqueux appellent à la résistance les plus indignés s'étranglent de colère le gouvernement ne veut pas crier trop fort pour ne pas montrer qu'il a mal l'opposition récupère l'événement pour dénoncer l'impéritie dans le camp d'en face.
Chacun réagit sur son registre habituel et en fonction de ses intérêts à la dégradation de la France par Standard and Poor's. Chacun était prêt.
C'est un drôle d'événement qui vient de se produire, comme on parle de la « drôle de guerre ». C'est un événement et un non-événement à la fois.
On s'attendait à cette décision d'une ou de plusieurs agences de notation de rétrograder, avec d'autres, notre pays dans la hiérarchie économique et financière des États. Les marchés, qui aiment anticiper, ne traitaient déjà pas de la même façon la France et l'Allemagne quand il s'agissait de leur prêter.
Pourtant... Ouvertures de journaux télévisés, flashs radio, unes des journaux, alertes sur les téléphones mobiles... On a sonné le tocsin partout avant même l'annonce officielle de la décision. Conséquences économiques, retombées sur le pouvoir d'achat, effets sur le chômage, influence sur la cote des candidats, tout y passe. On s'y attendait, mais on joue les étonnés. On feint la surprise et on est surpris à la fois. On savait la sanction inéluctable, mais on se scandalise quand même.
C'est la manifestation d'un vaste et massif déni de réalité. On se souvient du Premier ministre actuel laissant échapper, un été en Corse, qu'il était aux commandes d'un État en faillite ou du président de la République lâchant, lors d'une de ses rares conférences de presse, que les caisses de l'État sont vides pour justifier qu'il ne puisse faire grand-chose en faveur du pouvoir d'achat.
On entend des candidats actuels promettre des dépenses et encore des dépenses, sans être sûrs de pouvoir faire repartir la production et l'investissement en France.
Les mêmes, qui savent que nous sommes en déficit avec une magnifique régularité depuis 1974, qui sont parfaitement conscients que notre croissance est en panne depuis longtemps et pour sans doute quelques années encore, qui constatent le trou s'approfondissant entre l'Allemagne et nous dans les performances industrielles et commerciales, et l'écart croissant des taux d'intérêts consentis aux deux pays, ces mêmes responsables politiques de haut niveau s'étonnent qu'une agence de notation en tire les conséquences.
C'est
étonnant.
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