TOUT EST DIT

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lundi 16 janvier 2012

Standard & Poor's : la rigueur serait une erreur de diagnostic

Une erreur de diagnostic! C'est, selon Standard & Poor's, ce qui serait en train de précipiter l'euro dans le gouffre. «Le diagnostic établi par les dirigeants de la zone euro ne reconnaît que très partiellement les véritables causes de l'origine de la crise», explique Moritz Kraemer, directeur du département notation souveraine européenne de S&P. Et cette erreur de diagnostic conduit les dirigeants européens à répondre, sommet après sommet, de façon incomplète aux problèmes qui touchent la zone euro.

Les Européens sont en effet convaincus que «cette crise provient essentiellement des déficits budgétaires excessifs accumulés par les États périphériques». Ce qui les amène à privilégier les mesures de rigueur. Erreur, estime S&P, à rebours du discours classique des agences de notation: «Un processus de réformes basé sur le seul pilier de l'austérité budgétaire risque d'aller à l'encontre du but recherche.» Les plans d'austérité créent de l'inquiétude chez les citoyens: ces derniers consomment moins, entraînant le ralentissement de l'économie et réduisant, in fine, les recettes fiscales de l'État. Ce cercle vicieux est celui dans lequel sont plongés l'Espagne, la Grèce et le Portugal, menacés d'une rechute en récession pour cause d'austérité ­excessive.

Des divergences croissantes en matière de compétitivité

Poursuivant son raisonnement, Standard & Poor's en vient même à estimer qu'une règle d'or européenne, limitant constitutionnellement les déficits, n'est pas la panacée. «Même s'il y avait eu une règle d'or budgétaire auparavant dans les pays de la zone euro, rien ne dit que la crise aurait été évitée», explique Moritz Kraemer. «Pour preuve, avant 2007, les Allemands affichaient un déficit budgétaire record, alors que les Espagnols étaient à l'équilibre.» Or, au final, c'est Madrid qui est aujourd'hui sanctionné par les marchés et non Berlin.
Pour S&P, les vraies raisons de la crise viennent «de divergences croissantes en matière de compétitivité entre les pays du noyau dur de la zone et les pays dits périphériques». Autrement dit, si les pays périphériques n'arrivent pas à s'en sortir, ce n'est pas tant à cause du niveau trop élevé de leur dette que de leur incapacité à générer une croissance solide.

Un jugement très sévère

C'est l'un des vieux dadas de cette agence qui accorde autant d'importance aux classiques déficits publics qu'à ceux de la balance des paiements. Cette balance traduit la différence entre l'ensemble des flux sortants et entrants d'un pays (investissements, biens et services). Elle constitue un excellent indicateur de la compétitivité d'un pays. De fait, les pays les plus sévèrement dégradés par S&P depuis trois ans sont ceux ayant la balance des paiements la plus déficitaire. C'est précisément aussi l'une des raisons de l'abaissement de la note de la République française. Largement excédentaire jusqu'en 2004, cette balance des paiements est désormais lourdement en perte, traduisant la perte de compétitivité de notre économie.
Factuellement exact, le jugement ­global de S&P n'en est pas moins très sévère. «La réforme 6 pack, adoptée par Bruxelles l'année dernière, contient un volet obligeant les pays à proposer, chaque année, des réformes structurelles pour améliorer leur compétitivité», ­rappelle Laurence Boone, chef économiste Europe de Bofa Merrill Lynch. Simplement, ces réformes mettront plusieurs années à produire leurs effets. Probablement trop long aux yeux des agences.

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