TOUT EST DIT

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lundi 16 janvier 2012

Le naufrage d’une époque

L’insubmersible Costa Concordia se serait donc lamentablement échoué parce que son capitaine aurait voulu faire miroiter de trop près les lumières scintillantes et écouter les sirènes tentatrices de son joujou au petit peuple de Giglio. Ces palaces flottants ne sont pas seulement les paradigmes de nos sociétés de parades, d’apparat et d’apparence. Ils surfent sur les dérives d’une mondialisation qui ne contrôle plus sa vitesse de croisière et ignore ses voies d’eau. Le naufrage de cette tour de Babel flottante rappelle celui de la banque Lehman Brothers. Elle aussi se croyait insubmersible.

Pour rentabiliser au mieux ces palais des mille et une nuits à prix abordables, les croisièristes se sont lancés dans une course au gigantisme. Costa et les autres recrutent les équipages dans des pays de misère et les passagers chez les pensionnés moyens et modestes de nos pays occidentaux. Machinistes philippins et soutiers péruviens trouvent dans cet exil maritime le Smic qui nourrit leurs familles. Pour les clients, le marketing invente, vante et vend à tarifs dégriffés un modèle de retraite heureuse et réussie qui les entraîne dans une course effrénée vers le soleil, les spas, les dîners de gala en toute saison. Comme s’il fallait compenser des années de labeur par une orgie de loisirs, goûter à une illusion de luxe servie dans des couverts en argent et poursuivre des rêves inaccessibles au temps de la jeunesse. Faut-il enfin s’étonner et s’offusquer de cette panique « Titaniesque », de ce capitaine qui abandonne le navire six heures avant le dernier passager ? Quand ça va bien, notre société fonctionne au chacun pour soi. Alors quand ça tangue…

Tel le Titanic et ses chaloupes réservées aux premières classes en 1912, ce bateau sur le flanc en 2012 ressemble furieusement à son époque. Ce n’est pas pour autant que ce naufrage nous fera remettre les pieds sur terre.

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