TOUT EST DIT

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dimanche 4 décembre 2011

Sarkozy : refonder l’Europe… aux dépens de la France

Les gesticulations toulonnaises du président de la République, qui cèlent mal celles du candidat tant elles paraissent les calquer, ne sont pas faites pour rassurer les Français, dont Nicolas Sarkozy n’a pas voulu ignorer l’inquiétude. « La peur est revenue, a-t-il lancé ; cette peur qui détruit la confiance, qui paralyse les consommateurs, qui empêche l’investisseur d’investir, l’entrepreneur d’entreprendre, le patron d’embaucher, le banquier de prêter. Cette peur porte un nom : la peur de perdre la maîtrise de son destin. »

Constat honnête, et qui a suffi à François Fillon pour louer « la franchise, la vision et le sens des responsabilités d’un homme d’Etat ».

Peut-être… sauf qu’on ne demande pas à un homme d’Etat, a fortiori à un chef d’Etat, de dresser le constat d’une situation politique. Du moins, lui faut-il ne pas s’arrêter en si bon chemin, mais proposer des solutions.

Sarkozy a certes prétendu s’y atteler, sans qu’on sache bien toutefois si le candidat ne perçait pas trop, au détour de certaines phrases, sous le chef d’Etat. Au point que son discours – allez donc l’entendre ou le lire ! – donnait à certains moments le sentiment désagréable d’être tenu par un irresponsable – voire un schizophrène !

Pensez donc, le président nous invite à plus d’efforts et plus d’Europe (aux dépens de notre souveraineté), quand le candidat s’élève contre toute supranationalité européenne et raille les idées de la gauche – de peur, ricane aujourd’hui l’opposition, qu’on évoque son bilan ?

Elle n’a pas tout à fait tort, l’opposition. Le plan social du Sarkozy 2012 revisitera la protection sociale, l’emploi, la retraite à 60 ans et les 35 heures (« fautes graves » qu’il reproche à la gauche), etc. Pourquoi pas ?

Mais cette perspective a un gros défaut ! C’est d’être essentiellement du réchauffé – la faute au climat, peut-être ? Sarkozy nous ressort des propos déjà entendus qui, au lieu de sonner comme un programme nouveau, condamnent le bilan d’un quinquennat.

Il est vrai que ce quinquennat, Sarkozy l’aura beaucoup passé à l’étranger. Trop, peut-être, pour une économie exsangue… Mais surtout trop pour gouverner réellement le pays dont il est le garant. Comment ? Sa politique se décide désormais à Bruxelles, voire à Berlin ?

C’est là, justement, que Sarkozy nous refait son numéro de funambule. Ce n’est pas parce que le constat est juste que les solutions avancées sont bonnes.

D’abord, parce qu’il eût pu les mettre en œuvre plus tôt. Le président ne fait pas toujours ce qu’il veut ? Qu’il ne vienne donc pas redemander les suffrages de ses concitoyens, qui fatiguent de travailler plus pour gagner moins…

Ensuite, et surtout, parce que ses solutions ne sont pas neuves ; pire ! nous les avons déjà testées.

Concentrons-nous un instant sur cette Europe à qui l’on abandonnerait les derniers pans de notre souveraineté (politique qui pourrait s’assimiler à de la haute trahison, le président n’ayant pas été élu pour ce faire, et n’en ayant donc pas le pouvoir), sans pour autant devenir un super-Etat.

Si l’on passe sur la difficulté qu’il y a à ce que Sarkozy nous dise tout à la fois blanc et noir, que nous propose, au fond, le président-candidat ?

Une « Europe plus démocratique » ! Le moins qu’on puisse dire est que le propos est singulièrement galvaudé. Voyez comme on l’utilise à toutes les sauces au cours du printemps arabe…

Nicolas Sarkozy précise : « La France milite avec l’Allemagne pour un nouveau traité (…). Plus de discipline, plus de solidarité, plus de responsabilités assumées devant les peuples, un véritable gouvernement économique. »

Nous n’aurons de précisions effectives qu’à partir de lundi, quand le président aura reçu le chancelier.

En attendant, et par-delà les dithyrambes de Copé ou les critiques de ses adversaires, Sarkozy nous a pourtant livré le principal. A savoir : plus d’Europe : « Les sociétés fermées n’ont qu’un destin possible : le déclin. Déclin économique, intellectuel, moral… »

C’est un mensonge, Nicolas ! Le traité de Lisbonne nous a été vendu comme la solution-miracle, il y a quatre ans. Et aujourd’hui, il faut le renégocier pour aller plus loin ! Et pourquoi le croirons-nous, alors que la première fois, nous avons assisté à une catastrophe ?

Pire encore ! C’est Angela Merkel qui, ce vendredi devant le Bundestag, devait donner les détails auxquels l’Allemagne s’arrêtera. Et que ses partenaires n’auront, comme c’est le cas depuis le début, que le choix de suivre…

L’Allemagne, et donc l’Europe.

L’histoire a de ces ironies…

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