Les cyberattaques en Russie contre des sites indépendants et les blogs d'opposants, comme cela a encore été le cas dimanche, jour des législatives, se sont multipliées au fur et à mesure que l'opposition s'est tournée vers l'internet.
La méthode utilisée dimanche pour bloquer les sites d'une demi-douzaine de médias indépendants et l'ONG d'observation électorale Golos consiste à bombarder leurs sites de demandes de connexion.
En début de soirée, les sites du quotidien Kommersant, de l'hebdomadaire New Times, de la radio Echo de Moscou, du site d'information slon.ru, de Golos et de sa carte des fraudes électorales étaient toujours inaccessibles. D'autres sites, bloqués dans la journée, fonctionnaient de nouveau dimanche soir.
Les autorités n'ont pas réagi à ces attaques, qui ont aussi visé la plate-forme de blogs LiveJournal, très populaire en Russie, sans pourtant la mettre hors service, selon un message affiché sur ce site.
Dmitri Merechko, porte-parole de Golos, a expliqué que l'attaque dans la matinée par déni de service (DDoS), dont son organisation a été victime, avait été "massive", avec "50.000 demandes par seconde".
"C'est une organisation importante avec beaucoup de moyens qui a dû faire ça", a renchéri Lilia Chibanova, la dirigeante de Golos.
L'ONG, dont les adresses électroniques des collaborateurs ont aussi été bloquées, est depuis jeudi dans la ligne de mire de la justice après avoir recensé des milliers d'infractions dans la campagne électorale, imputées pour la plupart au parti au pouvoir, Russie Unie.
Pour Ilia Barabanov, l'un des rédacteurs en chef de l'hebdomadaire New Times, il n'y a aucun doute que le régime russe est derrière cette offensive.
"Il est clair, selon moi, que les responsables (des attaques) sont les mêmes que ceux qui mènent la campagne contre Golos", a-t-il dit.
"Les personnes chargées d'assurer un score élevé à Russie Unie ne veulent pas que l'on sache comment ces bons résultats ont été bricolés", a-t-il ajouté, selon le journal en ligne Gazeta.ru.
Alexeï Venediktov, directeur de la rédaction d'Echo de Moscou, a dénoncé sur son compte Twitter "une tentative d'empêcher la publication d'informations sur les fraudes".
Echo de Moscou a annoncé avoir demandé au Parquet, à la Commission électorale et au ministère de l'Intérieur d'enquêter, ainsi qu'au service de sécurité de la division médias de Gazprom, le géant du gaz et propriétaire de la radio.
A l'époque, les soupçons s'étaient concentrés sur des mouvements proches des autorités, comme les jeunesses pro-Poutine Nachi. Le président Dmitri Medvedev, féru de l'internet, avait dénoncé avec vigueur le procédé.
Le site spécialisé sur les services secrets Agentura.ru a relevé que depuis le début des années 2000, le FSB (ex-KGB) s'était doté de tous les outils pour surveiller les publications et les bloquer.
Des boîtes noires ont été installées chez les fournisseurs d'accès à cette fin et les services spéciaux se sont dotés de programmes informatiques dits "sémantiques" pour repérer les publications susceptibles de les intéresser.
Par ailleurs, des cadres des services de sécurité n'ont pas caché leur volonté d'aller plus loin. Au printemps, le chef du centre de sécurité des communications du FSB avait proposé d'interdire des messageries en Russie si ces dernières refusaient de livrer les clés de leur système de cryptage.
"L'utilisation généralisée sur l'internet de moyens de communication chiffrés et cryptés, en premier lieu des produits étrangers, suscite une grande inquiétude au FSB", avait expliqué Alexandre Andreetchkine, citant "Gmail, Hotmail et Skype" comme des services pouvant représenter "une menace d'ampleur pour la sécurité de la Russie".
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