MOSCOU (AP) — Environ 110 millions d'électeurs russes étaient appelés aux urnes dimanche pour renouveler la Douma, la chambre basse du Parlement. A trois mois tout juste de la présidentielle, le scrutin pourrait être marqué par une certaine érosion de la domination de Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, en dépit des efforts déployés par le Kremlin pour marginaliser l'opposition.
Des formations rivales et plusieurs observateurs ont fait état d'irrégularités importantes dans le déroulement du vote et la participation semblait faible dans de nombreux secteurs. Dans les régions de Sakhaline et du Kamtchatka, sur la côte Pacifique, la mobilisation électorale oscillait notamment entre 45% et 48% seulement à deux heures de la fin du scrutin dans ces zones.
Vladimir Poutine s'apprête à briguer de nouveau la présidence en mars prochain pour succéder à son protégé Dmitri Medvedev. Mais après plus d'une décennie de domination politique, le style de l'ex-chef d'Etat et actuel Premier ministre, symbole d'une dérive autocratique de l'exercice du pouvoir, semble susciter un mécontentement populaire croissant. La corruption officielle et le fossé entre les citoyens "ordinaires" et les très riches provoquent aussi l'insatisfaction. Considérée comme un outil de répression de l'opposition et la représentation d'une bureaucratie corrompue, Russie unie est souvent accusé d'être le "parti des escrocs et des voleurs".
Avec 315 sièges sur 450, Russie unie dispose d'une majorité des deux tiers dans la Douma sortante. Mais selon une enquête diffusée fin novembre par le centre indépendant Levada, la formation ne serait créditée cette fois-ci que de 53% des intentions de vote, un résultat qui pourrait la priver du nombre des députés nécessaire pour modifier la Constitution sans contestation possible.
Un bon score de Russie unie serait cependant précieux pour Vladimir Poutine qui entend reprendre les rênes du pays lors de la présidentielle du 4 mars après ses deux mandats à la tête de la Fédération entre 2000 et 2008.
A la veille de la journée du "silence" électoral, il a averti vendredi, à l'instar du président Dmitri Medvedev, que trop de diversité politiques à la chambre basse du Parlement conduirait à l'instabilité et à la paralysie. Avant le vote, il a par ailleurs accusé des gouvernements occidentaux de vouloir influencer le cours des élections. La seule organisation indépendante de suivi des élections, Golos ("vote"), qui reçoit des fonds européens et américains, a subi de fortes pressions officielles durant la semaine qui a précédé le vote.
Son site web ne fonctionnait pas dimanche, tout comme celui de la radio indépendante "Echo de Moscou". Tous deux ont invoqué des actes de piratage informatique. "L'attaque contre le site, un jour d'élection, est évidemment liée aux tentatives de s'immiscer dans la diffusion d'informations sur les violations", a estimé sur Twitter le rédacteur en chef de la radio, Alexeï Venediktov.
Seuls sept partis ont été autorisés cette année à présenter des candidats, les formations d'opposition les plus virulentes n'ayant pu s'inscrire pour le scrutin.
Dimanche, le Parti communiste (57 élus dans la Douma sortante), qui pourrait bénéficier d'un vote de protestation, ainsi que la formation Iabloko se sont plaints de violations électorales visant à favoriser Russie unie.
Selon le chef de file des communistes Guennadi Ziouganov, les observateurs de son parti ont déjoué une tentative de bourrage des urnes dans un bureau de vote de Moscou. Ils auraient découvert 300 bulletins déjà présents dans l'urne avant le début du vote.
Il a précisé que des incidents du même type avaient été signalés dans plusieurs bureaux de vote de la capitale, Rostov-sur-le-Don et de nombreuses régions. A Krasnodar (sud), des personnes non identifiées se faisant passer pour des observateurs du parti communiste se sont présentées à des bureaux où les vrais observateurs n'ont pas été autorisés à entrer, a encore précisé M. Ziouganov.
A Vladivostok (Extrême-Orient russe), des électeurs se sont plaints auprès de la police que Russie unie proposait de la nourriture gratuite en échange de promesses de vote pour le parti. Et à Saint-Pétersbourg, un photographe de l'Associated Press a vu un emblème de la formation de Poutine collé sur le rideau d'un isoloir.
Selon Golos, des observateurs et des membres de partis d'opposition ont été empêchés à Samara, sur la Volga, de vérifier l'état des scellés des urnes dans tous les bureaux de vote.
Nombre des violations concernaient des votes par correspondance, a aussi rapporté la directrice de l'organisation, Lilia Chibanova, qui avait été contrainte vendredi de remettre son ordinateur portable aux forces de sécurité après avoir été retenue une douzaine d'heures dans un aéroport. L'ambassadeur des Etats-Unis en Russie John Beyrle dit avoir appelé samedi Golos pour exprimer son "soutien".
Mikhaïl Kassianov, ancien Premier ministre sous la présidence de Poutine, a précisé qu'il ne se faisait aucune illusion sur le respect des règles électorales. Pour lui, "les autorités ont créé une contrefaçon d'une institution très importante qui a pour nom élection libre, mais qui n'est pas libre et n'est pas une élection".
Quelques dizaines de militants du Front de gauche (opposition) ont tenté dimanche d'organiser une manifestation devant la Place rouge à Moscou avant d'être rapidement dispersés par la police. Une dizaine d'entre eux ont été interpellés.
A Bryansk (ouest), un inconnu a jeté une bombe incendiaire dans la vitre du bureau local de Russie, sans faire de blessé. Les flammes ont été rapidement éteintes, d'après la police.
Les premiers résultats complets sont attendus lundi vers 6h GMT (7h à Paris). AP
dimanche 4 décembre 2011
Législatives test pour Poutine
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