lundi 28 novembre 2011
L’anarchie centriste
En fait, aussi curieux que cela puisse paraître, ce sont des anars ! Si, si. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Où sont-ils ? Vers où vont-ils ? Et avec qui ? Mystère… Et en plus, ils s’autodécoupent en petits morceaux quand ils ne s’épuisent pas dans de petits meurtres (politiques) entre amis. Qui, diable, a prétendu que les centristes faisaient périr d’ennui ? S’ils n’étaient pas là pour mettre un peu de fantaisie dans ce début de campagne, on baillerait déjà devant le conformisme du spectacle. Les seuls vrais imprévisibles, ce sont eux, et dans ce registre, ils assurent.
Se moquer d’une expression démocratique véritable, ce n’est pas respectueux. Mais là, franchement, comment résister ? L’épisode de l’annonce de candidature d’Hervé Morin restera dans les annales de la Ve République comme un modèle de non-événement. De solide, il n’y eut que le pont de Normandie devant lequel l’ex-ministre de la défense avait choisi de déclarer sa flamme à la France. Tout le reste prenait l’eau. Que l’homme qui avait abandonné François Bayrou en 2007 ne puisse rassembler derrière lui que neuf députés sur 24 de son propre parti - les autres, et les deux ministres issus du mouvement, se désolidarisant ouvertement de son initiative - ferait presque de la peine. De l’UDF, premier parti de France aux Européennes de 1979, il ne reste donc que ces fragments groupusculaires, MoDem, Nouveau Centre et Parti Radical, eux-mêmes éclatés en sous-ensembles. La constellation centriste que Giscard avait tant bien que mal réunie sur l’aile gauche de sa majorité de droite d’alors n’est plus qu’une nébuleuse de plus en plus obscure, une pensée vaporeuse.
Les uns et les autres de ses chefs invoquent des «valeurs» mais celles-ci tourbillonnent en tous sens sans jamais accrocher la lumière, ni même s’agglomérer à une force satellitaire. Depuis cinq ans maintenant François Bayrou marche en pasteur solitaire et voilà que Borloo, qui l’avait lâché en 2002 pour Jacques Chirac avant de devenir un compagnon de route de Nicolas Sarkozy, se met à jouer lui aussi en solo dans un autre désert parallèle. Sa petite musique est plus indéchiffrable que jamais. Hier soir, il n’est pas parvenu à donner une explication convaincante de son forfait brutal dans la course à l’Élysée mais on n’a pas davantage compris la signification, apparemment contradictoire, de ses messages sur le vote des immigrés aux élections locales ou le mariage homosexuel. «La vraie liberté» qu’il revendique serait-elle la simple esquisse d’un futur marchandage ?
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