François Hollande a dû trancher et désavouer un nouveau point de l'accord entre Verts et socialistes, lundi 28 novembre, en promettant au micro de BFM-TV et RMC qu'il n'y aurait pas de remise en cause du veto français à l'ONU s'il était président.
"Tant que je serai dans la situation d'exercer la responsabilité de mon pays si les Français me la confient, il n'y aura pas de remise en cause du droit de veto, de remise en cause unilatérale du droit de veto", a précisé le candidat socialiste, en ajoutant : "Les Nations unies doivent évoluer, il y a une réflexion qui peut être engagée, une gouvernance mondiale."Selon le texte, "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global: siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de sécurité, renforcement du rôle des organisations non-gouvernementales".
ATTAQUE
Il n'en fallait pas plus pour que Claude Guéant juge que "les deux partis, donc M. Hollande, proposent qu'au Conseil de sécurité [de l'ONU], ce soit désormais un représentant de l'Union européenne qui siège et que, par conséquent, la France n'y siège plus".
Une attaque relayée par le secrétaire national d el'UMP, Jean-François Copé, pour qui "François Hollande s'apprête à brader l'un des fondamentaux de notre indépendance". Et d'ajouter : "Imagine-t-on François Mitterrand engager la France dans une abdication de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité ?" Une attaque, là encore, de la stature présidentielle de M. Hollande.
L'accord n'évoque pourtant pas, comme l'interprète l'UMP, la perte d'un siège français mais la mise en place d'un siège européen, même si un cumul semble improbable.
INQUIÉTUDES
Plus lapidaire, le passage sur le droit de veto posait question : cinq pays, membres permanents du Conseil de sécurité, possèdent ce droit : Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France. Et aucun ne compte se priver d'un tel avantage, même si, depuis une trentaine d'années, Paris plaide, avec Londres, pour un élargissement du cercle des membres permanents à d'autres nations : Allemagne, Brésil ou Inde.
En matière de relations internationales, l'accord prend des positions plus idéalistes que concrètes qui rappellent une résolution votée par le Parlement européen en 2004. Le Parti populaire européen (PPE), dans lequel siège l'UMP, avait alors voté, avec la gauche, un texte prônant un élargissement du conseil de sécurité et une modification du droit de veto, qui aurait nécessité deux pays et non plus un seul.
L'UMP n'a pas été la seule à s'inquiéter du contenu de l'accord Verts-PS. Le président du MoDem, François Bayrou, a également jugé "infiniment troublant" que l'on veuille gommer "la seule arme qui permette encore à la France d'être au rang des puissances majeures". A gauche, Jean-Pierre Chevènement a lui aussi fait part de son inquiétude devant un texte qui "ne tient pas debout".
Convoqué à la défense de l'accord, Pierre Moscovici, directeur de campagne de M. Hollande, avait déjà fait, vendredi, la distinction entre grands principes et réalités : "Il n'est pas question de remettre en cause le statut de membre permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, ni le droit de veto", avait-il assuré, ajoutant qu'il n'y avait rien d'anormal à vouloir, "avec les Verts, poursuivre des idéaux et souhaiter des changements de long terme".
"PRIVILÈGE DÉPASSÉ"
Les écologistes, eux, défendent une interprétation plus formelle du texte. La patronne d'EE-LV, Cécile Duflot jugeait, vendredi, que "des positions européennes portées sur la politique internationale" seraient "plus utiles que cet anachronique droit de veto de la France". Pour la candidate d'EE-LV, Eva Joly, le droit de veto de la France à l'ONU est "un privilège dépassé, réservé à quelques pays".
Cette nouvelle différence de lecture entre partenaires à gauche inquiète, au sein du PS, après l'épisode du nucléaire. Le PS se débat toujours sur cette question face à l'UMP, qui accuse, Nicolas Sarkozy en tête, socialistes et écologistes de vouloir "brader" l'indépendance énergétique du pays en mettant fin au nucléaire.
Une vision caricaturale de la position médiane du candidat socialiste, mais qui permet là aussi à la droite d'attaquer M. Hollande sur les thématiques plus régaliennes et internationales dans lesquelles M. Sarkozy est jugé le plus positivement dans les enquêtes d'opinion.
L'accord avec EE-LV, qui devait permettre à François Hollande de relancer sa campagne, apparaît de plus en plus, aux yeux de certains socialistes, comme un "énorme cafouillage", selon les termes Michel Vauzelle, président PS de la région PACA.
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