lundi 28 novembre 2011
La campagne à coups de massue
Dans le registre du brutal et du sommaire, cette campagne électorale commence fort. Le débat sur l'énergie qui l'inaugure a la légèreté d'un sarcophage de béton sur une centrale nucléaire en fusion.
Eva Joly assassine son partenaire de gauche en deux phrases. Nicolas Sarkozy caricature son adversaire en trois discours. L'ancienne juge traite François Hollande de marionnette du lobby atomique. L'actuel président fait semblant de croire que le candidat socialiste envisage le retour de la lampe à pétrole.
Un monde sépare pourtant les deux cogneurs. Lui est rom- pu aux combats électoraux, elle les découvre. L'un est calculateur, l'autre rigide. Le premier cogne pour décrédibiliser son adversaire, la seconde pour se crédibiliser. Nicolas Sarkozy sait ce qu'il fait et suit une partition. Eva Joly ne sait plus quoi faire pour exister et improvise. La victime de ces postures est le débat.
La politique énergétique de la France est pourtant le sujet politique par excellence. Ses enjeux sont économiques, écologiques et démocratiques. L'avenir de la filière nucléaire nationale est une façon forte d'aborder le sujet. À condition d'éviter la caricature. L'importance vitale de cette question impose qu'on la traite avec nuance et finesse.
On a besoin d'énergie pour assurer la production de nos biens et de nos services, la circulation des hommes et des marchandises. Or cette énergie a un coût qui va croissant, et le gros inconvénient de polluer. C'est donc un sujet majeur de la campagne électorale qui s'engage. Mais au-delà d'une échéance qu'une autre chassera, c'est un choix qui impose d'y associer les citoyens.
Coût croissant dans tous les cas de figure, puisque maintenir la filière nucléaire coûterait aussi cher que de l'arrêter. Il faut dans le premier cas investir pour prolonger la durée de vie de nos centrales, dans le second investir pour les démanteler.
Pollution dans tous les cas de figure puisque les centrales thermiques réchauffent l'atmosphère et que l'atome suspend au-dessus de nos têtes un risque terrifiant.
Quant aux énergies renouvelables, elles montent en puissance, mais ne sont pas encore l'alternative aux matières fossiles. Le plus souhaitable étant de ne pas devoir produire d'énergie, en réduisant sa consommation. Les Allemands dépensent 30 % de moins que les Français pour chauffer leurs bâtiments.
Les questions à l'intérieur de la question ne manquent pas. Les premiers à le savoir sont Nicolas Sarkozy et Eva Joly.
Mais le premier ne veut pas entrer dans une complexité qui nuirait à la force de son message et à l'efficacité de sa campagne.
Et la seconde comprend mal que si les socialistes pensaient comme elle, ils seraient écologistes.
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