dimanche 13 novembre 2011
La gentillesse, valeur en baisse?
Après tout, c’est assez simple. Il suffit d’être gentil. Voilà une règle de vie, une règle de bonheur, bizarrement placée, pourtant, en tête de... cet éditorial. A priori, elle n’est pas vraiment dans la bonne case, presque gentiment insolente pour l’auteur de ces lignes, bien obligé - c’est son travail - de se livrer à une analyse critique, un genre qui, par définition, est rarement aimable. Hélas... Quant à la politique, elle s’abandonne beaucoup plus volontiers à la méchanceté. Gratuite, calculée ou surjouée, elle s’épanouit pleinement dans un univers où le sentiment - surtout le bon - est par trop absent.
Mais au diable, pour un matin, l’esprit chagrin, plus ou moins inspiré par les délices du sarcasme, qui régulièrement ensorcelle la plume, les soirs de pleine lune. Pour une fois, c’est le zygomatique qui doit faire sa loi: c’est aujourd’hui la journée de la gentillesse. Le moment, pour elle, de régler ses comptes avec une époque qui la maltraite injustement au mépris de toute logique.
Pour le management moderne, en effet, elle est loin d’être une valeur. Plutôt un signe de faiblesse, de fragilité, de vulnérabilité. Même s’il ne faut évidemment pas en faire une généralité, le monde de l’entreprise préfère souvent les faux-vrais durs, ceux qui confondent régulièrement la brutalité et l’autorité, le commandement et l’ordre. Etre gentil n’est alors définitivement pas une qualité. A peine une vertu reconnue tant elle suscite la méfiance: ne cacherait-elle pas forcément quelque chose?
Le problème de la gentillesse, c’est qu’elle est un art. Un art subtil qui nécessite autant d’intelligence chez celui qui la produit que de compréhension chez celui à qui elle est destinée. Elle nécessite une énergie phénoménale pour résister à l’agressivité du monde et parfois elle y succombe. Dommage, car elle recèle des trésors d’efficacité. Des milliers de pépites quotidiennes plus miraculeuses que des cures d’Omega 3 car elles dynamisent et fluidifient la communication entre les êtres mais aussi entre les salariés.
En ce dimanche, elle n’apparaît une fois de plus que comme un gadget pour illuminés qui ont du temps à perdre dans de vaines utopies. Et si la crise pouvait seulement la réhabiliter? Elle n’empêche pas les indispensables affrontements nécessaires pour surmonter les multiples contradictions de nos sociétés compliquées? Mais on s’apercevrait aussi que dans un pays aussi bloqué que le nôtre, elle permettrait de mettre un peu d’huile dans les rouages. Un petit massage relationnel surpuissant pour affronter les heures difficiles.
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