TOUT EST DIT

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mercredi 1 juin 2011

Grèce : dans un pays au moral en berne, tout peut arriver

Les Grecs ont organisé, mercredi 25 mai, leur première manifestation Facebook, sur le modèle des "indignés" espagnols, et ont réitéré les jours suivants.Le mouvement a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues d'Athènes, Patras ou Salonique, venues pour exprimer leur ras-le-bol des mesures d'austérité et leur rejet des organisations politiques et syndicales.
Après l'annonce d'un nouveau durcissement du plan de rigueur, lundi 23 mai, les syndicats avaient bien appelé à manifester le 4 juin.
Mais ils ont été pris de vitesse par l'organisation spontanée du mouvement des "indignés", qui prend clairement ses distances avec les syndicats, dont la dizaine de journées de grève générale, depuis un an, n'a pas fait dévier le gouvernement. Le mouvement social prendrait-il un nouveau souffle ?
La crise économique et le plan d'austérité en vigueur depuis un an se sont traduits par une très forte récession, une hausse du chômage et des impôts. Le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 4,5 % en 2010, avec une forte aggravation au dernier trimestre (- 6,6 %). L'année 2011 devrait connaître un recul de 3 % à 3,2 %, malgré une hausse surprise de 0,8 % au premier trimestre. Cette amélioration est toutefois assombrie par la forte hausse du chômage, qui a atteint près de 16 % de la population active et plus de 40 % des jeunes de moins de 25 ans.
Poul Thomsen, le représentant du Fonds monétaire international (FMI) au sein de la "troïka" - surnom de la délégation du FMI, de l'Union européenne (UE) et de la Banque centrale européenne (BCE), qui vient régulièrement contrôler le degré d'avancement du plan mis en oeuvre en échange d'un prêt de 110 milliards d'euros -, explique que ce processus est "normal" : "C'est impossible de réduire le déficit budgétaire sans récession."
Le déficit avait atteint 15,6 % du PIB en 2009, après la découverte qu'une partie de ce déficit avait été dissimulée par les précédents gouvernements. Il a été ramené à 10,5 %.
EMBRASEMENT
La Fondation pour la recherche économique et industrielle (IOBE) recense, dans son dernier rapport sur l'économie grecque, parmi les difficultés liées au plan de rigueur, outre les résistances au sein du Parti socialiste au pouvoir, "la persistance de la récession pour la troisième année consécutive et l'augmentation du chômage à son plus haut niveau depuis quarante ans".
Ce think tank libéral constate que les Grecs ont été les Européens les plus pessimistes de l'Union en 2010. Récession et chômage font que le moral du pays est en berne : sept foyers sur dix considèrent que leur situation économique va s'affaiblir en 2011 ; quatre foyers sur cinq ne voient aucune possibilité d'épargner ; plus de la moitié de la population assure qu'elle arrive tout juste à joindre les deux bouts.
La lassitude s'exprime de différentes façons. Au début de l'année, de nombreux citoyens se sont rassemblés autour du mouvement "Je ne paierai pas" pour contester les hausses des péages d'autoroute.
La protestation peut prendre un cours plus violent, comme avec les groupes anarchistes qui ont organisé une série d'attentats, dont le plus spectaculaire a été l'envoi de colis piégés à différentes ambassades à l'automne 2010.
Mais l'embrasement annoncé par certains au moment des premières manifestations n'a pas eu lieu. Personne ne se risque cependant à d'autres prédictions tant la situation est tendue.
Le mouvement de décembre 2008 reste dans les mémoires, quand des rassemblements pacifiques s'étaient transformés en émeutes après la mort d'un adolescent tué par un policier. La vidéo de forces de l'ordre frappant brutalement un manifestant, en marge du défilé, le 11 mai, a fait le tour d'Internet. Il est hospitalisé. Un autre mort pourrait provoquer une nouvelle déflagration.

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