lundi 23 mai 2011
Rêve centriste
Le jour de novembre où il a refusé de placer Jean-Louis Borloo à Matignon, préférant reconduire son rival François Fillon, Nicolas Sarkozy ne pensait pas se compliquer autant la vie. L'ex-ministre de l'Environnement a annoncé, il y a une semaine, qu'il y aura un candidat du centre droit. Pour sauver la majorité, assure-t-il. Au risque de faire chuter Nicolas Sarkozy, craint l'UMP.
Depuis l'élimination de DSK, champion socialiste des sondages, les choses ont changé. Toujours favorite, mais privée d'un leader évident et coupée dans son élan, la gauche se met à douter. Et la droite recommence à espérer. Si la cote de confiance de Nicolas Sarkozy reste dangereusement basse, les enquêtes unanimes traduisent un frémissement.
Cette éclaircie s'explique par les malheurs de Dominique Strauss-Kahn qui, par effet de contraste, valorisent un président candidat intelligemment silencieux sur celui qu'il avait lui-même recommandé au FMI. Elle tient aussi aux indicateurs économiques plus favorables, voire à la neutralisation provisoire de Dominique de Villepin, pour cause de procès Clearstream.
Ce contexte inattendu élargit aussi l'espace de Jean-Louis Borloo. Sa confédération centriste (Parti radical, Nouveau Centre, Gauche moderne, Convention démocrate, voire l'Alliance centriste), sorte de néo-UDF, espère intéresser un électeur sur cinq. Face au piaffant Hervé Morin, il s'impose à l'applaudimètre, porté par un mouvement qui ne se reconnaît plus dans le sarkozysme... Après s'en être longtemps accommodé !
Quelques bémols
Donc, tout va bien ? Pas si sûr. Jean-Louis Borloo fait le pari qu'il incarne une alternative capable de sauver une droite en perdition.
Premier bémol : Nicolas Sarkozy voit les choses autrement. Il considère que la multiplication des candidatures risque de rabaisser chacune vers un score éliminatoire. La présence de trois compétiteurs centristes ¯ Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo et François Bayrou ¯ lui paraît très dangereuse.
Second bémol : pour que l'opération Borloo ait une chance, il faudrait que les députés des partis fondateurs de sa Confédération quittent l'UMP. La plupart n'en décideront pas avant 2012, en raison du contrat qui les lie, y compris financièrement, au parti présidentiel et du risque de perdre leur investiture aux législatives.
Troisième bémol : il faudrait que Jean-Louis Borloo cesse de louvoyer, de faire ami-ami avec tout le monde. Pour devenir Président, il ne suffit pas d'être sympathique. Soit l'ancien ministre joue gagnant pour lui-même, et il devra se démarquer, sortir de l'ambiguïté, durcir le ton contre son ami Nicolas Sarkozy.
Soit il joue les rabatteurs de la majorité ¯ la menace Front national sera un bon prétexte ¯ et se rallie in fine au président candidat. Dans ce cas, il est à parier que la Confédération centriste éclaterait en vol. Dans sa critique du Président, Hervé Morin a atteint un degré de violence qui lui interdit de revenir vers l'UMP.
En impulsant une dynamique encouragée par les événements, Jean-Louis Borloo est devenu une des clés de la présidentielle. Avec le risque de transformer le rêve centriste en cauchemar pour la droite. Lourde responsabilité pour celui qui paraît parfois un peu dépassé par les effets de son initiative.
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