Il faut croire que le «séisme» n’a pas eu d’effets secondaires durables. Huit jours après le violent traumatisme du 14 mai new-yorkais, le PS a déjà suffisamment récupéré pour retrouver son appétit pour la bagarre. Secoué, certes, mais pas au point de faire l’union sacrée derrière un seul candidat de consensus, désigné tôt. Comme s’ils n’avaient pas eu leur compte d’émotions et de peur avec le scandale DSK, les socialistes prendront donc tous les risques, et tous les paris, à commencer par celui de se diviser avant de se retrouver.
Dans une autre époque, si lointaine, quand tous les sondages promettaient encore à Dominique Strauss-Kahn d’atterrir à l’Élysée plutôt qu’au dépôt de police de Harlem - c’était il y a une semaine, c’était il y a un siècle -, Martine Aubry avait vanté les qualités de la «patience, une fleur qui fleurit en juin» pour masquer son hésitation personnelle. Mais cette année, la nature est en avance. Tout pousse plus tôt et plus vite. Alors hier, pendant que sa ville chavirait de bonheur avec le titre de champion de France de football conquis par le Losc, elle s’est lancée, elle, dans la bataille pour devenir la première des Français. En le disant sans le dire tout en le disant, en parlant d’envie (pour son pays, évidemment, «c’est la seule chose qui compte»), en confessant qu’elle «s’est préparée», en promettant de «prendre ses responsabilités», la première secrétaire mal élue du congrès de Reims a pris toute sa place au centre de l’attaque, numéro 9 sur le maillot pour devenir le numéro 1 de son équipe au coup de sifflet final, le 9 octobre prochain. Ça, c’est du timing !
Elle lui a succédé et ne veut pas le voir revenir par la fenêtre : elle est bien décidée, «Martine», à souffler le brassard de capitaine à «François» (Hollande), et dans les vestiaires, ça promet d’être violent. Les deux rivaux, qui ne s’aiment pas ont eu le même entraîneur historique : Jacques Delors. Le même père, biologique pour la première et spirituel pour le second. L’ancien président de la Commission européenne fera certainement souffler son esprit pragmatique sur le programme du vainqueur. Mais en attendant, chacun sait que les duels fratricides étant, comme dans Dallas, les plus impitoyaaaaa-bles, les deux héritiers - qui n’éprouvent guère d’affection naturelle l’un pour l’autre - ne se feront pas de cadeaux. Le TSH (tout sauf Hollande) est déjà prêt à fonctionner, même si l’intéressé, d’une formule sibylline, «ne veux pas l’imaginer».
La probabilité d’un clash sanglant (politiquement) est d’autant plus élevée que l’un et l’autre sont hauts dans les enquêtes d’opinion qui leur serinent qu’ils seraient élus, indifféremment mais à tous les coups, contre Nicolas Sarkozy. «La honte» du prisonnier à domicile de Broadway ne les a manifestement pas éclaboussés. C’est Miracle sur la 43 e rue, mais avec un happy end très incertain.
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