lundi 23 mai 2011
L’Ibère et le printemps
Le printemps arabe aurait-il franchi le détroit de Gibraltar ? La place Puerta del Sol, en plein centre de Madrid, a pris des airs de camp protestataire. Après les Tunisiens et les Égyptiens, voici que les jeunes Espagnols s’y mettent. Ils jouissent d’une totale liberté, pourtant, et leurs difficultés matérielles restent relatives par rapport à la misère africaine. Aucun despotisme ne règne chez eux. Leur colère vise un pouvoir issu des urnes, mais “sourd et aveugle” aux souffrances du pays réel. Un gouffre sépare désormais la base, avec 21% de chômeurs, et le sommet.
Le gouvernement de Zapatero, à l’heure des élections locales, subit un rejet spectaculaire. Il a dû accepter un draconien plan de rigueur imposé par Bruxelles sous la pression des marchés. Les financiers s’en trouvent satisfaits, tandis que le spectre d’une précarité grandissante hante la Péninsule. “Sine futuro” devient le slogan d’une génération qui s’estime privée d’avenir et donc d’espérance. Longtemps passifs, les Ibères semblent désormais aussi remontés que des Grecs. Les uns et les autres, à bout de nerfs, exigent une société plus juste. L’État les laisse revendiquer, et rien ne change. De quoi donner raison à Coluche : la dictature c’est “Ferme ta gueule !”, et la démocratie “Cause toujours”….
Un peu partout, par temps de crise, on voit la classe politique perdre la confiance des peuples. Puisse-t-elle la regagner très vite, avant que l’inquiétant vent du Sud ne balaie l’Europe entière.
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