mercredi 13 octobre 2010
Retraites : rendez-vous en 2012
Au lendemain de la nouvelle journée de manifestations qui a eu lieu hier dans toute la France, le constat ne fait pas débat en dépit de chiffres auxquels plus personne ne peut se fier : les syndicats ont réussi leur pari, la mobilisation n'a pas faibli et le scénario longtemps caressé par l'Elysée d'une bataille éclair a fait long feu. Encore faut-il poser la question essentielle : de quel pari s'agit-il et quel est leur objectif ? Le projet de loi sera voté dans quelques jours par un Parlement légitime ; Nicolas Sarkozy n'envisage pas de reculer sur le relèvement de l'âge légal de la retraite, dont le principe a été encore appuyé en fin de semaine dernière par le FMI, dirigé par un certain Dominique Strauss-Kahn et qui a été mis en pratique par la quasi-totalité des pays européens. Les syndicats, dont les troupes ont été cette fois-ci grossies par des lycéens de 16 ans veulent-ils, jour après jour, faire durer le mouvement jusqu'à l'étincelle (incident grave ou accident), qui est toujours, hélas, possible ? Que souhaitent-ils obtenir ? Une grande négociation sur tout sauf l'évolution de l'âge légal ? Le départ à 60 ans avec le retour aux 37,5 années de cotisations comme le revendique la CGT de Total qui bloque les raffineries ?
Trois points ne font en réalité guère de doute. Le premier est que le mouvement de contestation reste ambigu, puisque l'opinion sait bien qu'une réforme est dans l'absolu nécessaire. Ce qu'il exprime dépasse donc les seules retraites : l'anti-sarkozysme y a sa part, comme la fatigue sociale après la crise (dans le privé) et les tensions découlant d'un certain nombre de réformes de l'Etat, par exemple à l'hôpital (dans le secteur public).
Le deuxième point concerne le sentiment d'injustice exprimé à propos de cette réforme. Le gouvernement a clairement perdu cette bataille-là. Le meilleur symbole en est l'idée saugrenue d'organiser hier un déjeuner à l'Elysée pour annoncer à la majorité une réforme de la fiscalité du patrimoine passant par un allégement de l'ISF. Encore faudrait-il ne pas oublier les principales injustices. Combien de salariés du privé (âge moyen de départ : 61,5 ans) savent ce qu'il en est chez les cheminots (54,8 ans) ?
Enfin, il est manifeste que le combat est devenu au fil des semaines de plus en plus politique. C'est pour cette raison que l'on a envie de dire aux manifestants : le vrai moment pour s'exprimer sera la présidentielle. Les grèves de 1995 ont eu lieu en tout début de septennat. Il ne reste cette fois-ci que dix-huit mois avant le rendez-vous de 2012. C'est demain matin. Si près de l'échéance, les urnes, qui trancheront sur le bilan de Nicolas Sarkozy, sont préférables aux incertitudes et aux risques de la rue.
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