mercredi 13 octobre 2010
Au forceps
« Du sang-froid, pas de provocation, » a lancé François Fillon aux députés de sa majorité en faisant le constat de l'arrivée massive des lycéens dans le conflit. Signe d'une vigilance qui ressemble à de l'inquiétude, la recommandation du Premier ministre avait été précédée du signal sans ambiguïté de la fin des concessions sur la réforme des retraites. Le renforcement de la mobilisation et surtout la présence des jeunes sont entrain de transformer le conflit en nasse pour Nicolas Sarkozy. Avec l'espoir d'échapper au piège, l'exécutif a choisi de pousser les feux au Sénat pour que les mesures sur l'âge de la retraite soient votées le plus vite possible. L'inconvénient de cette accélération c'est qu'elle accroît le sentiment d'un passage en force qui promet pour 2012 une élection présidentielle aux allures de règlement de comptes.
Dans la course de vitesse que ce virage de la mobilisation le pousse à engager, le gouvernement a l'avantage qu'en procédure accélérée le texte ne revient pas en deuxième lecture et part directement à la commission paritaire mixte. Aussitôt le vote définitif intervenu, le président de la République devra annoncer sans tarder le remaniement pour faire oublier cette promulgation au forceps. Il pourra ensuite se mettre pendant quelque temps à l'abri derrière son nouveau Premier ministre avant de repartir à la conquête de l'opinion et tenter de combler son déficit de confiance dans l'opinion.
Ce qui est ingérable pour le chef de l'État c'est l'éventualité d'une marche arrière. Sans fusible pour avoir si souvent dit qu'elle serait le marqueur du quinquennat, l'abandon de la réforme signerait pour lui un discrédit durable et entacherait définitivement l'image du réformateur sur laquelle il voudra faire campagne.
Incontestablement, le virage pris hier par la mobilisation avec la forte présence des lycéens change la donne du bras de fer. Jusque-là dans un rapport de force maîtrisé le mouvement de protestation entre dans une incertitude qui inquiète et fait craindre une radicalisation. Seuls ceux qui souhaitent pouvoir jouer l'ordre contre le désordre ne s'émeuvent pas de la situation. C'est un jeu dangereux qui ne peut que renforcer la droite dure.
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