TOUT EST DIT

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mercredi 6 octobre 2010

Du virtuel au réel


La peine est encore virtuelle : il y a appel, Jérôme Kerviel n'est pas incarcéré et les astronomiques dommages et intérêts de 4,9 milliards sont tout simplement impossibles à rembourser. Donc, une condamnation virtuelle pour des fraudes également virtuelles ? Non, la Société Générale a perdu beaucoup d'argent après en avoir gagné énormément, grâce au trader Kerviel qui jonglait avec les milliards. En solo, semble-t-il, et, selon sa défense, devant une hiérarchie impassible... tant que l'argent rentrait.
Si la peine reste pour l'instant virtuelle, le jugement ne l'est pas, loin de là. Il condamne un homme en soulignant ses fautes. Mais il blanchit la banque et, au-delà, toute la martingale de ce système financier vermoulu qui, selon le FMI, a coûté 2 200 milliards à l'économie mondiale ! La rapacité universelle à l'origine de la grande crise de 2007 est en quelque sorte couronnée. Et l'absolution est donnée pour les prises de risques passées inaperçues tant qu'elles permettaient d'engranger...
Ce verdict tombe aussi dans un climat social particulièrement tendu en pleine réforme controversée des retraites sans oublier la baisse du pouvoir d'achat et les hausses qui font compter chaque euro. Dans ce contexte, ce jugement renforce à tort ou à raison l'impression générale de vivre dans une société de plus en plus inégalitaire. Il étale des sommes énormes - le quotidien des banques, apparemment - en faisant ouvertement porter la responsabilité pénale du scandale financier sur un seul salarié. Pas sur l'entreprise, même si son PDG Daniel Botton a été poussé vers la sortie.
Pourtant, en juillet 2008, la Commission bancaire avait infligé un blâme et une amende de quatre millions d'euros à la Société Générale pour des « carences graves du système de contrôle interne » ! En d'autres termes, les problèmes étaient évidents. Qu'un trader-équilibriste ait exploité ces failles constitue une faute que personne ne nie. Mais la faute ne devrait-elle pas aussi incomber au staff responsable de ce « filet de sécurité » plus ou moins troué ? Que la justice pénale ne se soit pas prononcé sur cet aspect est incompréhensible pour beaucoup.
Il est vrai que la deuxième banque française (en capitalisation boursière), et l'une des plus importantes du monde, se doit d'inspirer confiance.


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