La bataille des retraites s'annonce plus difficile au Sénat qu'à l'Assemblée nationale. L'UMP ne dispose pas de la majorité absolue au Palais du Luxembourg. Elle aura donc besoin des voix centristes. La majorité ne veut pas toucher aux mesures d'âge, mais semble accepter des amendements concernant la retraites des femmes. A droite comme à gauche en effet, nombreux sont ceux qui estiment que la réforme les pénalise.
Des inégalités accentuées avec la réforme ?
- La hausse du nombre de trimestres nécessaires pénalise les femmes plus que les hommes, car elles sont plus nombreuses à devoir travailler jusqu'au seuil de départ à taux plein. Ainsi, 21 % des femmes ont attendu 65 ans pour liquider leur retraite l'an dernier (contre 13 % des hommes), car leur carrière est souvent incomplète ou hachée. S'il manque des trimestres à beaucoup de femmes, c'est en général parce qu'elles ont cessé le travail pour élever leurs enfants. Si la réforme est votée telle quelle, elles attendront deux années de plus pour toucher leur pension.
- Les femmes touchent des pensions inférieures à celles des hommes, car elles ont exercé des fonctions moins bien rémunérées. De plus, 30,2 % des femmes sont employées à temps partiel, or le montant de la pension est calculé sur les 25 meilleures années de carrière. Pour réduire ces inégalités de salaires, le texte du gouvernement prévoit une pénalité de 1 % de la masse salariale pour les entreprises encore mal définie.
Sortir des idées reçues
Cinq membres du gouvernement (Eric Woerth, Nora Berra, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nadine Morano et Georges Tron) ont signé lundi une tribune dans Le Monde pour dénoncer des schémas qui ne correspondent plus à la réalité. S'ils admettent que des inégalités "criantes et inacceptables" existent entre hommes et femmes, ils estiment que le différentiel s'estompe rapidement. Les femmes qui cessent de travailler pour élever leurs enfants valident tout de même des trimestres pendant cette période. Dans le nouveau texte, les indemnités touchées à la place du salaire pendant le congé maternité seront intégrées dans le calcul. De plus, "les femmes qui ont eu des enfants bénéficient d'une majoration de durée d'assurance de deux ans pour chaque enfant." Ils rappellent que le projet du gouvernement donne "l'accès au minimum vieillesse à 65 ans, quel que soit le nombre de trimestres" et que "l'un des défis majeurs" est de garantir l'égalité salariale entre les sexes.
Corriger les écarts
La Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et la délégation aux droits des femmes du Sénat ont recommandé le maintien du taux plein à 65 ans pour "les personnes ayant pris un congé parental ou pour soins apportés à un enfant malade". De plus, la Halde souhaite le calcul de la pension sur "les 100 meilleurs trimestres", ce qui pénaliserait moins les personnes à temps partiel. Gérard Larcher, le président du Sénat, propose pour l'instant de bloquer l’âge du taux plein à 65 ans pour les mères de trois enfants ou plus, pour celles nées entre 1950 et le début des années 60. Un geste qui ne suffira peut-être pas à calmer le mécontentement de la rue…
mercredi 6 octobre 2010
RETRAITES – Pourquoi les femmes sont-elles désavantagées ?
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