TOUT EST DIT

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mercredi 6 octobre 2010

La '' guerre des changes ''

Les principaux responsables économiques européens ont insisté hier, lors du sommet entre l’UE et l’Asie, pour que la Chine réévalue le yuan, dont elle se sert comme d’un puissant levier à l’exportation.

L’Europe a accentué la pression hier sur la Chine pour qu’elle laisse sa monnaie s’apprécier, au dernier jour d’un sommet entre l’UE et l’Asie et alors que la crainte d’une « guerre des changes » mondiale s’accentue face à la crise économique. Les trois principaux responsables économiques européens – le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, et le commissaire européen aux Affaires monétaires, Olli Rehn, – ont invité fermement Pékin à plus de flexibilité du taux de change du yuan, à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao à Bruxelles.

Ils ont demandé une appréciation « significative » du yuan, a déclaré Juncker, reconnaissant ouvertement un hiatus avec Pékin sur le sujet. « Les autorités chinoises ne partagent pas notre appréciation », a-t-il convenu. La veille, dès l’ouverture du sommet des principaux pays d’Asie et d’Europe (Asem), Wen avait poliment renvoyé dans les cordes les Occidentaux, qui soupçonnent Pékin de faire de la dévaluation compétitive pour doper ses exportations et sa croissance. La chancelière allemande, Angela Merkel, a enfoncé le clou hier en affirmant, à propos de la Chine, que « les taux de change devaient être les plus réalistes possibles ». Et le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, a jugé « difficile d’affirmer que la sous-évaluation de cette devise (le yuan) n’a pas d’effets sur les flux commerciaux », dans une interview au Monde. « Tôt ou tard les Chinois devront réévaluer leur monnaie pour des raisons internes », a-t-il ajouté. Cette confrontation feutrée devrait se poursuivre aujourd’hui à l’occasion d’un sommet UE-Chine prévue à Bruxelles.
Euro frappé

De fait, l’inquiétude grandit dans le monde face à l’impression que les grandes puissances sont engagées dans une « guerre des changes » pour affaiblir leurs devises respectives afin d’exporter davantage. Ce risque, souligné par le FMI, affecte particulièrement l’euro qui, contrairement au yuan ou au dollar, gagne en vigueur alors même que l’Union monétaire traverse une grave crise de confiance suite aux problèmes de la Grèce et à présent de l’Irlande. D’où l’insistance des dirigeants européens hier. Cette situation pourrait accroître les tentations protectionnistes, mettent en garde des économistes.

Face à cette situation, le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy a plaidé à Bruxelles pour un « nouvel ordre monétaire » mondial, en vue de la présidence du G20 qu’il assumera à partir du 12 novembre. Un haut responsable allemand a toutefois jugé l’idée « floue » à ce stade.

Malgré les échanges aigre-doux sur les changes, le sommet de l’Asem (Asia Europe Meeting) s’est achevé par un communiqué consensuel d’une vingtaine de pages qui se garde d’évoquer le sujet. Le texte adopté par 46 pays représentant 58 % de la population mondiale, souhaite un accord global « contraignant » sur le climat, à deux mois de la conférence de Cancun.

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