TOUT EST DIT

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mercredi 6 octobre 2010

Bernard Clavel, le franc conteur


Bernard Clavel ressemblait à ses livres. Il était franc, massif, avec des mains larges et dures. Un masque de paysan têtu lui servait de carapace. En voilà un, comme les grands arbres, que les racines tenaient profond. Avec aussi, dans l’œil, une étrange lueur qui disait la passion des départs. Ce terrien paradoxal ne cessa jamais de déménager. À peine le croyait-on établi au Canada qu’il avait déjà filé vers l’Irlande, puis les bords de Loire, la Bresse, les vignes du Bordelais, la Savoie... Une puissante curiosité guidait son pas de campagnard.
Sur son passage, partout, le Jurassien a semé des romans beaux et forts. Il racontait les fleuves, les chevaux, les forêts. Et donc les bateliers, les cavaliers, les trappeurs… Car si la nature envahit ses énergiques récits, on y entend toujours battre le cœur des hommes.
Ainsi voyageait le natif de Franche-Comté qui, au temps des vaches maigres, fut tour à tour ouvrier, bûcheron, lutteur de foire, employé de la sécu…
Outre-Atlantique, cette biographie à la Jack London lui aurait valu un supplément d’estime. Chez nous, pas trop. Les salons de Saint-Germain-des-Prés le boudaient un peu. Ça tombe bien, il préférait l’air pur ! L’auteur de “Malataverne” n’était pas du genre à confondre les mondanités avec la découverte du monde. Ni à brader sa liberté pour une poignée de cerises médiatiques. La foule émue de ses fidèles lecteurs l’aimait aussi pour ça.

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