TOUT EST DIT

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mercredi 31 mars 2010

Bouclier fiscal : Sarkozy ne peut pas céder maintenant

Nicolas Sarkozy peut-il céder à sa majorité qui lui demande de renoncer au "bouclier fiscal" ? La réponse est non. Du moins pas aujourd'hui. Pas sans prendre le temps d'habiller soigneusement une telle décision pour qu'elle n'apparaisse pas comme une capitulation en rase campagne.

Depuis l'adoption en juillet 2007 de cette mesure – grâce à laquelle aucun contribuable ne doit verser plus de la moitié de ses revenus au fisc –, les critiques n'ont pas manqué, à gauche évidemment mais aussi à droite.
Avec la crise économique et la hausse record des déficits publics, elles se sont multipliées sur la base d'un constat simple : pour redresser ses comptes, l'Etat ne pourra pas se contenter de réduire ses dépenses, il devra également augmenter ses recettes, c'est-à-dire les impôts et les prélèvements sociaux. Et, à ce moment-là, comment imaginer d'exonérer les Français les plus riches de cet effort supplémentaire ?

SYMBOLE DU QUINQUENNAT

Dix jours après la lourde défaite de la majorité aux régionales, ces interrogations ont pris l'allure d'une fronde. Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, Jean-François Copé, son homologue à l'Assemblée, Alain Juppé, l'ancien premier ministre, et bien d'autres réclament désormais des aménagements ou mieux une suspension de cet avantage accordé à quelque 19 000 contribuables les plus fortunés.

Pour le chef de l'Etat, c'est inacceptable. Le bouclier fiscal est, en effet, le symbole par excellence de son quinquennat, la traduction dans la réalité de ses engagements de sa campagne : "travailler plus pour gagner plus", "briser le tabou de l'argent" et créer ainsi un "choc de confiance et de croissance" capable de remettre en mouvement l'économie et la société française.

Y renoncer aurait pour conséquence immédiate d'affaiblir dangereusement sa parole et son autorité. Cela ferait d'abord la démonstration qu'il ne tient décidément pas ses promesses. Quelques jours seulement après l'enterrement de la taxe carbone, cela aurait un effet encore plus dévastateur dans l'opinion.

Ce serait ensuite, en totale contradiction avec la logique présidentielle de la Ve République, admettre qu'il se laisse dicter sa conduite par les parlementaires et, en particulier, par quelques candidats à sa succession. Inacceptable.

Il reste que Nicolas Sarkozy ne pourra pas s'entêter éternellement contre la réalité calamiteuse des comptes de l'Etat. Le plus vraisemblable est qu'il prendra le temps de proposer une réforme plus vaste de la fiscalité, de nature à masquer la réalité de son renoncement.
Gérard Courtois

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